La véloroute des bleuets
Le 30 juillet 2004, Serge et moi quittons Whitby en Ontario très tôt le matin pour nous rendre à Val-Jalbert au Québec afin de débuter notre voyage en vélo autour du Lac St-Jean, en empruntant la Véloroute des Bleuets. Nous avons prévu faire ce voyage en 5 jours, en compagnie de 2 autres compagnons, et transporter notre équipement de camping et la nourriture avec une voiture. Ceci nous donnera ainsi la possibilité de nous reposer et de nous protéger de la pluie, le cas échéant. A tour de rôle, nous devrons donc conduire la voiture d'un village à l'autre et revenir rejoindre le groupe en vélo. C'est un projet qui me tenait à cœur car le Lac St-Jean est le coin de pays où j'ai passé les plus beaux moments de mon enfance dans la famille de ma mère qui est native de Normandin.
Nous nous rendons rejoindre mon cousin Gilles ainsi que son compagnon Alexis qui est, selon les dires de Gilles, un grand sportif. Nous avions bien hâte de connaître cet Alexis avec qui j'ai correspondu quelques fois sur Internet.
Comme d'habitude le trajet le long de la 401 est monotone mais comme il fait beau, nous ne nous plaignons pas trop. Nous nous arrêtons à la marina de Prescott, qui est devenu au fil des ans, notre endroit de prédilection pour le pique-nique du midi.
La traversée de l'île de Montréal s'avère pénible en ce vendredi midi en raison du trafic intense et des travaux de réparation qui s'effectuent un peu partout. Nous nous dirigeons finalement vers Trois-Rivières et empruntons la route 155 en direction de La Tuque. Nous longeons la rivière St-Maurice et admirons les très beaux paysages de cette région que nous visitons pour la première fois. Malgré la forêt verdoyante et la rivière captivante, c'est avec soulagement que l'on voit poindre à l'horizon les eaux claires du Lac St-Jean sur les hauteurs de Chambord. Nous nous rendons au Camping de Val-Jalbert et installons notre tente pour la nuit. Le camping est agréable, mais le site 102 où nous nous trouvons manque d'intimité. Le tintamarre des chutes situées tout près laisse présager une nuit mouvementée. Quelque temps après notre arrivée, arrivent en voiture mes cousins Lucette et Gilles en compagnie d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. C'est avec un air coquin que Gilles nous présente son compagnon Alexis qui est en fin de compte son petit-fils de dix ans. Il nous a bien eu ce Gilles; à aucun moment nous nous étions douté de l'âge de notre futur compagnon de route. Une chose est certaine, Gilles ne s'était pas trompé en le décrivant comme un grand sportif; à la fin du voyage Alexis aura parcouru 300 kilomètres en vélo, appris à monter la tente, à essuyer la vaisselle, faire cuire les œufs du matin et ouvrir les bouteilles de vin sans en renverser une goutte et, pour rassurer sa mère, nous devons mentionner sans en boire une gorgée.
Après le souper, nous allons passer la soirée à Roberval chez ma cousine Moïsette. En cette soirée très chaude, tout le voisinage est en effervescence car nous sommes à la veille de la traversée du lac par les nageurs d'élite d'un peu partout dans le monde.
Roberval à St-Félicien (41 Km)
Nous avions prévu débuter notre voyage en vélo à Val-Jalbert, mais étant donné que nos compagnons de route, Gilles et Alexis, se trouvent déjà à Roberval, nous allons les rejoindre chez Moïsette. A 10 heures, Gilles, Serge et Alexis partent en vélo tandis que je me porte volontaire pour conduire la voiture jusqu'à la fromagerie Perron à St-Prime. De là, je repars en vélo afin de les rejoindre à mi-chemin. J'ai donc manqué le village de Mashteuiatsh et son musée amérindien. C'est l'inconvénient d'avoir à conduire la voiture, il y a toujours un coin de pays que l'on ne peut explorer.
Nous voilà à nouveau de retour à la fromagerie où nous achetons leur fameux fromage en grains, qui est de grande renommée. Je puis vous assurer qu'elle n'est pas surfaite. Quel dommage que nous ne puissions pas nous en procurer à notre supermarché!! Nous nous installons à la terrasse voisine du Musée du fromage cheddar pour déguster le lunch que nous avions pris soin d'apporter avec nous. J'avais apporté des pains pitas, du humus et des légumes crus. Alexis n'a pas vraiment aimé cela.
Après avoir demandé notre chemin à plusieurs reprises, nous quittons la ville pour nous retrouver finalement sur le sentier qui longe la rivière Ashuapmushuan. C'est un vrai plaisir de rouler dans ce sous-bois au décor un peu sauvage. Alexis est bien fier de monter à deux reprises la côte des Chutes-à- Michel, sans débarquer de son vélo, tandis que nous autres, les vieux, y arrivons péniblement en marchant à côté de nos vélos. C'est ça un vrai sportif! Nous arrivons au Camping municipal de St-Félicien où Serge nous attend. Il a déjà monté les tentes ce qui nous permet de repartir rapidement pour la visite promise à Alexis au Zoo sauvage de St-Félicien. Quel beau zoo! Il a de quoi plaire aux enfants comme aux adultes avec toutes ses thématiques : les animaux en semi-liberté dans la forêt boréale, la petite ferme, le pavillon Le Boréalium où nous avons vu un excellent film sur les loups.
De retour au camping, nous soupons et terminons la soirée au coin du feu en nous remémorant les moments de la journée.
En route, nous nous arrêtons aux Chutes-à-Michel pour jaser avec des jeunes gens qui y ont campé pour la nuit. Rien n’indique qu’on puisse camper à cet endroit, mais le site est tellement paisible que je comprends qu’on ait le goût de s’y installer.
Nous longeons la rivière jusqu’en ville, puis traversons le pont pour aller prendre le rang St-Eusèbe qui longe l’autre côté de la rivière. De belles fermes défilent sur notre route et ça sent bon et frais. Le long de la route, une halte de vélo invitante nous attend. Il y a table de pique-nique, eau, abri et support à vélos. Nous nous y arrêtons pour nous reposer et jaser avec une dame du voisinage qui promène son enfant.
Un peu plus loin, se pointe la Fromagerie de la Ferme des Chutes. Impossible de résister car nous n’avons pas encore eu notre ration de fromage en grains de la journée. De plus, la dame au comptoir est très accueillante et se fait un plaisir de nous expliquer toutes les étapes de la fabrication du fromage.
Nous avons tellement de plaisir ensemble qu’on décide de nous rendre chez Éliette au village pour prolonger ces moments agréables. Nous enfourchons à nouveau nos vélos et empruntons le rang 4 puis la rue du Rocher jusqu’à Normandin. Le long de la route, nous ne pouvons pas résister aux beaux bleuets fraîchement cueillis que nous offre une gentille dame dans son kiosque.
Nous continuons le long du rang 3 dont le tracé est assez vallonné mais bordé de belles fermes. Un troupeau de vaches noires et blanches nous observent au passage sans cesser de paître paisiblement dans le champ. Elles ont l’air bien heureuses les vaches de Ste-Jeanne-d’Arc.
Nous rejoignons la route 169 qui nous mène à Péribonka. Ce parcours est vraiment moins agréable car nous partageons la route avec les voitures et les camions qui filent à toute allure. Heureusement que nous pouvons circuler sur un accotement asphalté. Après un arrêt au quai de Péribonka, nous arrivons enfin au camping de Péribonka vers 18 heures où nous attendent Serge et Alexis.
Le camping est directement sur le bord du lac et le décor est superbe. Nous ne pouvions pas trouver mieux. Serge avait acheté des saucisses et nous les faisons cuire sur le barbecue tandis que Gilles va acheter des frites. C’est un peu dur pour le cholestérol mais une fois n’est pas coutume. Ce soir-là Alexis voulait aller jouer au mini putt. Gilles, en bon grand-papa gâteau, part avec lui en voiture vers Alma. Une heure plus tard, ils reviennent bredouilles n’en ayant pas trouvé. Nous terminons la soirée au coin du feu qui est très bienvenu car la soirée est fraîche. Nous donnons une partie de notre bois à nos voisins de camping qui sont bien contents de pouvoir se réchauffer au coin d’un feu. Vers 10 heures nous optons tous pour aller nous coucher car la fatigue des journées de vélo commence à se faire sentir.
Nous continuons notre route jusqu’au terrain de camping Dam-en-Terre où Serge nous attend. Il nous apprend que nous aurions pu y camper la veille car ils restaient quelques places. Que ceci nous serve de leçon: nous aurions dû vérifier nous-même. Cela nous aurait évité 15 kilomètres aujourd’hui.
Nous avions dit à Gilles de nous attendre à mi-chemin, mais étant donné que la véloroute ne suit pas toujours la route, c’est uniquement par chance et grâce au téléphone cellulaire qu’il nous a retrouvés à la croisée de la rue Melançon. Je repars en auto avec Alexis tandis que Serge et Gilles continuent jusqu’à notre prochain point de rencontre, l’Auberge des îles à St-Gédéon, qui se trouve à 10 kilomètre en vélo.