dimanche 14 avril 2024

Tour du Lac St-Jean en 2004

La véloroute des bleuets

Le 30 juillet 2004, Serge et moi quittons Whitby en Ontario très tôt le matin pour nous rendre à Val-Jalbert au Québec afin de débuter notre voyage en vélo autour du Lac St-Jean, en empruntant la Véloroute des Bleuets. Nous avons prévu faire ce voyage en 5 jours, en compagnie de 2 autres compagnons, et transporter notre équipement de camping et la nourriture avec une voiture. Ceci nous donnera ainsi la possibilité de nous reposer et de nous protéger de la pluie, le cas échéant. A tour de rôle, nous devrons donc conduire la voiture d'un village à l'autre et revenir rejoindre le groupe en vélo. C'est un projet qui me tenait à cœur car le Lac St-Jean est le coin de pays où j'ai passé les plus beaux moments de mon enfance dans la famille de ma mère qui est native de Normandin.

Nous nous rendons rejoindre mon cousin Gilles ainsi que son compagnon Alexis qui est, selon les dires de Gilles, un grand sportif. Nous avions bien hâte de connaître cet Alexis avec qui j'ai correspondu quelques fois sur Internet.

Comme d'habitude le trajet le long de la 401 est monotone mais comme il fait beau, nous ne nous plaignons pas trop. Nous nous arrêtons à la marina de Prescott, qui est devenu au fil des ans, notre endroit de prédilection pour le pique-nique du midi.

La traversée de l'île de Montréal s'avère pénible en ce vendredi midi en raison du trafic intense et des travaux de réparation qui s'effectuent un peu partout. Nous nous dirigeons finalement vers Trois-Rivières et empruntons la route 155 en direction de La Tuque. Nous longeons la rivière St-Maurice et admirons les très beaux paysages de cette région que nous visitons pour la première fois. Malgré la forêt verdoyante et la rivière captivante, c'est avec soulagement que l'on voit poindre à l'horizon les eaux claires du Lac St-Jean sur les hauteurs de Chambord. Nous nous rendons au Camping de Val-Jalbert et installons notre tente pour la nuit. Le camping est agréable, mais le site 102 où nous nous trouvons manque d'intimité. Le tintamarre des chutes situées tout près laisse présager une nuit mouvementée. Quelque temps après notre arrivée, arrivent en voiture mes cousins Lucette et Gilles en compagnie d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. C'est avec un air coquin que Gilles nous présente son compagnon Alexis qui est en fin de compte son petit-fils de dix ans. Il nous a bien eu ce Gilles; à aucun moment nous nous étions douté de l'âge de notre futur compagnon de route. Une chose est certaine, Gilles ne s'était pas trompé en le décrivant comme un grand sportif; à la fin du voyage Alexis aura parcouru 300 kilomètres en vélo, appris à monter la tente, à essuyer la vaisselle, faire cuire les œufs du matin et ouvrir les bouteilles de vin sans en renverser une goutte et, pour rassurer sa mère, nous devons mentionner sans en boire une gorgée.

Après le souper, nous allons passer la soirée à Roberval chez ma cousine Moïsette. En cette soirée très chaude, tout le voisinage est en effervescence car nous sommes à la veille de la traversée du lac par les nageurs d'élite d'un peu partout dans le monde.


Roberval à St-Félicien (41 Km)

Nous avions prévu débuter notre voyage en vélo à Val-Jalbert, mais étant donné que nos compagnons de route, Gilles et Alexis, se trouvent déjà à Roberval, nous allons les rejoindre chez Moïsette. A 10 heures, Gilles, Serge et Alexis partent en vélo tandis que je me porte volontaire pour conduire la voiture jusqu'à la fromagerie Perron à St-Prime. De là, je repars en vélo afin de les rejoindre à mi-chemin. J'ai donc manqué le village de Mashteuiatsh et son musée amérindien. C'est l'inconvénient d'avoir à conduire la voiture, il y a toujours un coin de pays que l'on ne peut explorer.

Nous voilà à nouveau de retour à la fromagerie où nous achetons leur fameux fromage en grains, qui est de grande renommée. Je puis vous assurer qu'elle n'est pas surfaite. Quel dommage que nous ne puissions pas nous en procurer à notre supermarché!! Nous nous installons à la terrasse voisine du Musée du fromage cheddar pour déguster le lunch que nous avions pris soin d'apporter avec nous. J'avais apporté des pains pitas, du humus et des légumes crus. Alexis n'a pas vraiment aimé cela.


Nous repartons en direction de St-Félicien, en empruntant le rang 3 qui devient le boulevard Hamel un peu plus loin. Gilles et Alexis ont inventé le jeu des autos et camions jaunes; c'est à celui qui en voit le plus durant la journée. Quel bonheur pour Alexis de découvrir sept tracteurs jaunes sur le terrain d'un concessionnaire.


Après avoir demandé notre chemin à plusieurs reprises, nous quittons la ville pour nous retrouver finalement sur le sentier qui longe la rivière Ashuapmushuan. C'est un vrai plaisir de rouler dans ce sous-bois au décor un peu sauvage. Alexis est bien fier de monter à deux reprises la côte des Chutes-à- Michel, sans débarquer de son vélo, tandis que nous autres, les vieux, y arrivons péniblement en marchant à côté de nos vélos. C'est ça un vrai sportif! Nous arrivons au Camping municipal de St-Félicien où Serge nous attend. Il a déjà monté les tentes ce qui nous permet de repartir rapidement pour la visite promise à Alexis au Zoo sauvage de St-Félicien. Quel beau zoo! Il a de quoi plaire aux enfants comme aux adultes avec toutes ses thématiques : les animaux en semi-liberté dans la forêt boréale, la petite ferme, le pavillon Le Boréalium où nous avons vu un excellent film sur les loups.

De retour au camping, nous soupons et terminons la soirée au coin du feu en nous remémorant les moments de la journée.


St-Félicien à Albanel (50 Km)

Aujourd’hui, c’est l'anniversaire de Gilles; il a 62 ans.  Il fait beau soleil et la vie est belle.  Il y a bien Alexis qui rouspète un peu d’avoir à se lever à 7 heures, mais il n’a pas le choix car un pique-nique familial nous attend à la Chute-à-l’Ours à Normandin.  Gilles conduit l’auto à Albanel et il vient nous rejoindre.  

En route, nous nous arrêtons aux Chutes-à-Michel pour jaser avec des jeunes gens qui y ont campé pour la nuit.  Rien n’indique qu’on puisse camper à cet endroit, mais le site est tellement paisible que je comprends qu’on ait le goût de s’y installer. 


Nous longeons la rivière jusqu’en ville, puis traversons le pont pour aller prendre le rang St-Eusèbe qui longe l’autre côté de la rivière.  De belles fermes défilent sur notre route et ça sent bon et frais.  Le long de la route, une halte de vélo invitante nous attend. Il y a table de pique-nique, eau, abri et support à vélos.  Nous nous y arrêtons pour nous reposer et jaser avec une dame du voisinage qui promène son enfant.

Un peu plus loin, se pointe la Fromagerie de la Ferme des Chutes.  Impossible de résister car nous n’avons pas encore eu notre ration de fromage en grains de la journée.  De plus, la dame au comptoir est très accueillante et se fait un plaisir de nous expliquer toutes les étapes de la fabrication du fromage.


Un vent du nord se lève ce qui rend le trajet plus fatiguant.  Nous prenons plus de temps que prévu pour nous rendre à destination.  La halte de vélo de Normandin est comme un oasis où on s’arrête avec soulagement.  A notre avis, la ville de Normandin remporte le premier prix pour la beauté de leur halte; même leur toilette est jolie et d’une propreté exemplaire.



Nous arrivons finalement à 12h15 à la Chute-à-l’Ours où nous attendent cousins et cousines Hamel ainsi que notre chère tante Claire qui nous a toujours accueillis chaleureusement sur sa ferme durant les étés de notre enfance.  Il y a Gilles et sa famille ainsi qu’Éliette de Normandin, Jean-Marie et Claudette de Baie-Comeau,  Moïsette et sa fille Hélène de Roberval ainsi que Lucette de Laval.   Ils ont dressé deux tables pleines de bons petits plats auxquels on ne peut résister.  Il y a même les surprises d’Éliette, dont je ne connais pas le nom mais qui sont délicieuses.  Il faudrait bien que je lui demande sa recette.  Ce sont de vraies retrouvailles car on ne peut même pas compter le nombre d’années que nous nous sommes vus la dernière fois. 


Nous avons tellement de plaisir ensemble qu’on décide de nous rendre chez Éliette au village pour prolonger ces moments agréables.  Nous enfourchons à nouveau nos vélos et empruntons le rang 4 puis la rue du Rocher jusqu’à Normandin.  Le long de la route, nous ne pouvons pas résister aux beaux bleuets fraîchement cueillis que nous offre une gentille dame dans son kiosque.



Comme en camping, nous n’avons pas accès à un bain, je profite de l’hospitalité d’Éliette pour prendre un bon bain chaud afin de détendre mes muscles endoloris et faire disparaître toute la sueur accumulée au cours de la journée.  Fraîche et dispose, je rejoins toute la famille au salon et me gave encore des surprises d’Éliette.  

Pendant que Serge et Gilles continuent leur route en vélo jusqu’à Albanel, j’accepte l’invitation de Lucette de m’y rendre en auto avec Alexis et Moïsette.  Mon sentiment de culpabilité est vite balayé par le plaisir que j’ai à rester plus longtemps avec mes cousins et cousines. J’en profite pour inviter Jean-Marie à venir souper avec nous au camping.  Ce soir nous avons au menu, le traditionnel spaghetti italien.  Un gros merci à Moïsette qui nous a offert un pot de sauce maison étant donné que Gilles a oublié d’apporter le sien. Après avoir fait la vaisselle, nous terminons la soirée au coin d'un beau feu de camp.  Cette nuit-là, notre sommeil a été assez perturbé par les bruits de la route 169 un peu trop proche et par les cris d’un fêtard d’un chalet voisin. Nous aurions mieux fait de camper à la Chute à l’Ours où le décor et la tranquillité étaient exceptionnels.

Albanel à Péribonka (62 km)

Un soleil rayonnant nous accueille à notre lever; une autre belle journée s’annonce.  Au grand plaisir d’Alexis nous faisons cuire des œufs pour déjeuner accompagnés de pain grillé et de confitures.  A 10 heures, tout l’équipement de camping est rangé dans la voiture et nous sommes prêts à partir.  Je suis de corvée d’auto ce matin; je me rends au kiosque d’information de Dolbeau et je retourne en vélo rejoindre mes compagnons à l’extérieur de Dolbeau.  Alexis a un problème avec son vélo et nous devons nous arrêter à l’atelier de réparation qui se trouve au Centre d’achat de la ville. Par malchance, le technicien est à son heure de lunch et nous devons attendre jusqu’à 13 heures pour faire faire la réparation.  Gilles et Alexis vont dîner chez MacDonald, tandis que Serge et moi continuons notre route jusqu’à la halte de vélo près du kiosque d’information.  C’est là que nous pique-niquons tout en admirant la vue sur la rivière Mistassini.  On ne peut résister à l’envie d’aller se tremper les pieds dans l’eau.  J’en profite pour aller chez Métro faire quelques achats pour le souper tandis que Serge fait  du charme  à la jolie fille qui travaille à l’autobus rouge de la véloroute.  Enfin Gilles et Alexis nous rejoignent et nous repartons vers 14h en direction de Ste-Jeanne-d’Arc.  Cette fois-ci, c’est Gilles qui est de corvée de voiture. 



Nous traversons le Camping des Chutes, judicieusement situé le long de la rivière.  Les sites 44 et 45 ont une vue magnifique sur la rivière; chanceux ceux qui peuvent y planter leur tente. 


Nous passons par le quartier résidentiel, puis arrivons à un sentier de 12 kilomètres, très bien aménagé, qui se faufile en forêt.  Gilles nous rejoint en cours de route.  Quelques instants plus tard, nous arrivons à une halte où il fait bon se désaltérer et se reposer.  D’autres cyclistes ont la même idée et nous voilà à jaser avec des gens de Dolbeau, de Shawinigan et de Montréal, échangeant des informations, des appréciations sur la très belle région du Lac St-Jean.

Rendus à Ste-Jeanne-d’Arc, Serge et Alexis repartent en auto tandis que Gilles et moi continuons en vélo.  Nous faisons un arrêt au Vieux Moulin et profitons d’une visite guidée offerte par une jeune fille du village qui se débrouille assez bien.  J’aurais aimé voir  des photos des gens qui ont travaillé au moulin au cours des ans et savoir si des femmes y ont travaillé car il y a une machine à carder la laine et une machine à tricoter des bas.  Malheureusement la jeune fille ne connaît pas la réponse. 


Nous continuons le long du rang 3 dont le tracé est assez vallonné mais bordé de belles fermes. Un troupeau de vaches noires et blanches nous observent au passage sans cesser de paître paisiblement dans le champ.  Elles ont l’air bien heureuses les vaches de Ste-Jeanne-d’Arc. 


Nous rejoignons la route 169 qui nous mène à Péribonka.  Ce parcours est vraiment moins agréable car nous partageons la route avec les voitures et les camions qui filent à toute allure.  Heureusement que nous pouvons circuler sur un accotement asphalté.  Après un arrêt au quai de Péribonka, nous arrivons enfin au camping de Péribonka vers 18 heures où nous attendent Serge et Alexis.



Ils ont déjà monté les tentes. Ils nous racontent qu’à leur arrivée, il n’y avait pas de table de pique-nique sur le site de camping.  Serge a encore une fois fait du charme à deux campeuses afin d’obtenir leur aide pour transporter une table de pique-nique.   Nous allons prendre une douche bien méritée avant de préparer le souper.  Au menu ce soir  : sauté au porc et légumes dans une sauce à l’orange et au gingembre.  On a recyclé la balance des côtelettes de porc du 2e soir de camping. Alexis n’a pas tellement aimé cela!  Comme dessert, nous avons du yogourt au citron et Gilles et Alexis n’ont pas aimé cela non plus.  Heureusement que j’avais des bleuets dans la glacière, de la crème et du sirop d’érable.  Là, ils se sont régalés.

Nous terminons la soirée au coin du feu et Alexis fait cuire des guimauves. Une pluie fine tombe durant la nuit, puis s’arrête au matin. Une autre belle journée s’annonce.

Péribonka à Delisle (59 km)

Nous nous levons à 8 heures.  Décidément nous devenons de plus en plus paresseux ou bien de plus en plus fatigués.  Après un déjeuner copieux composé de pain doré, de bleuets et de sirop d’érable préparé par la chef Patricia et l’assistant chef Alexis, nous voilà à nouveau sur la véloroute.  Notre destination est Alma.  Je conduis l’auto à l’église de Ste-Monique et retourne rejoindre le groupe.  Nous roulons à nouveau sur l’accotement de la route 169.  On remarque que la piste cyclable est en construction le long du parcours, ce qui permettra prochainement aux cyclistes de rouler en toute sécurité.  Nous faisons un arrêt  à l’Auberge de l’île du repos qui semble bien porter son nom.  En plus de l’auberge et de quelques maisonnettes, d’excellents sites de camping sont aussi disponibles le long de la rivière. C’est certes un endroit où il ferait bon revenir. 

 C’est maintenant au tour de Gilles de conduire la voiture; il se rend jusqu’à St-Henri-de-Taillon et revient nous rejoindre.  Pendant ce temps, nous empruntons la promenade de Honfleur sur la Péribonka. C’est tout simplement magnifique.  Une promenade de bois, de 800 mètres de long, longe la rivière Péribonka.  Les gens de la région sont bien chanceux de pouvoir jouir d’un tel endroit pour se promener à pied ou en vélo.  C’est dommage que Gilles n’ait pas eu la chance de parcourir cette partie de la véloroute.

 

Nous circulons ensuite dans les rues de Ste-Monique, puis nous empruntons un sentier dans la forêt qui nous mène au Parc national de la Pointe-Taillon.  Le sentier qui traverse le parc a 19 kilomètres de long.  Il est entouré de conifères et bordé en grande partie de fougères. Ici pas d’asphalte mais un sol en poussière de pierre. J’aime bien rouler sur ce type de sol, c’est en harmonie avec la nature qui nous entoure.  Lorsque nous approchons du secteur qui longe le lac St-Jean, Gilles nous rejoint.  Il a déniché quelques beaux endroits sur le bord de l’eau où il serait agréable de pique-niquer.  Cela tombe bien car nous avons faim et avons bien besoin de prendre un peu de repos.  Nous sortons de nos sacs à lunch des pains pita, du fromage, du thon et une salade de haricots et maïs.  Cette fois-ci, Alexis a bien aimé.  Il a même mangé 2 pitas. Après une courte sieste et une promenade sur le bord de la plage, nous repartons à nouveau.


 
C’est dans cette section du sentier que j’ai perdu le coupe-vent de vélo que j’aimais tant. J’aurais dû le ranger dans mon sac au lieu de l’attacher à l’extérieur.  Nous découvrons qu’il y a des sites de camping directement sur la plage.  A notre prochain voyage dans la région, il faudra absolument camper là.  J’imagine déjà les beaux couchers de soleil qui s’offriraient à nous.

 Nous récupérons la voiture à l’église de St-Henri et Serge prend le volant pour se rendre au camping de Dam-en-terre à Alma.  Nous rejoignons à nouveau la route 169 et les camions de marchandises et de pitounes qui nous dépassent à vive allure.  Décidément, je n’aime pas ces compagnons de route.  Nous descendons une côte à la vitesse maximale de 46 km.  C’est un record pour moi qui ait peur de la vitesse.  D’habitude je freine dans les côtes, mais pas cette fois-ci.  Il faut dire qu’il fait chaud et que la vitesse me rafraîchit. Cela fait aussi avancer le kilométrage plus rapidement.  Malheureusement il y a aussi des côtes à remonter et on recommence à suer.

Nous arrivons au village de Sacré-Cœur-de-Marie.  Je reçois un appel de Serge qui me dit qu’il n’y a plus de place au camping  Dam-en-Terre, selon les dires de l’employé au bureau d’information touristique d’Alma, et qu’il vient nous rejoindre à la halte de Delisle où nous pourrons camper.  La bonne nouvelle, c’est qu’il nous reste que deux ou trois kilomètres pour arriver à destination.  La mauvaise nouvelle, c’est que le lendemain nous aurons 15 kilomètres de plus à pédaler. 


 Le camping est directement sur le bord du lac et le décor est superbe.  Nous ne pouvions pas trouver mieux.  Serge avait acheté des saucisses et nous les faisons cuire sur le barbecue tandis que Gilles va acheter des frites.  C’est un peu dur pour le cholestérol mais une fois n’est pas coutume.  Ce soir-là Alexis voulait aller jouer au mini putt.  Gilles, en bon grand-papa gâteau, part avec lui en voiture vers Alma.  Une heure plus tard, ils reviennent bredouilles n’en ayant pas trouvé.  Nous terminons la soirée au coin du feu qui est très bienvenu car la soirée est fraîche.  Nous donnons une partie de notre bois à nos voisins de camping qui sont bien contents de pouvoir se réchauffer au coin d’un feu.  Vers 10 heures nous optons tous pour aller nous coucher car la fatigue des journées de vélo commence à se faire sentir. 

Delisle à Roberval (90 Km)

Nous nous levons à 7h30 sous un soleil radieux.  Aujourd’hui est notre dernière journée du voyage et la route sera longue.  Au moment de faire la vaisselle du déjeuner, il se met à pleuvoir et nous embarquons en vitesse tout le bagage dans l’auto.  La pluie cesse au bout de 10 minutes.  Il ne nous reste plus qu’à remettre de l’ordre dans notre barda avant de partir en vélo.  Je conduis l’auto jusqu’au Centre d’information touristique d’Alma.  Selon mes trois compagnons, je me suis épargnée de belles côtes à monter.  Je ne m’en plains pas. 


Nous continuons notre route jusqu’au terrain de camping Dam-en-Terre où Serge nous attend.  Il nous apprend que nous aurions pu y camper la veille car ils restaient quelques places.  Que ceci nous serve de leçon: nous aurions dû vérifier nous-même.  Cela nous aurait évité 15 kilomètres aujourd’hui. 

Nous repartons en direction de St-Gédéon.  La véloroute se faufile dans la campagne, puis traverse une forêt pour aller rejoindre le rang 3.  Le trajet est paisible et agréable.


 Nous avions dit à Gilles de nous attendre à mi-chemin, mais étant donné que la véloroute ne suit pas toujours la route, c’est uniquement par chance et grâce au téléphone cellulaire qu’il nous a retrouvés à la croisée de la rue Melançon.  Je repars en auto avec Alexis tandis que Serge et Gilles continuent jusqu’à notre prochain point de rencontre, l’Auberge des îles à St-Gédéon, qui se trouve à 10 kilomètre en vélo.

 Malheureusement, je pars dans la mauvaise direction et j’erre dans les rangs cherchant des personnes à qui demander mon chemin.  Comme partout ailleurs, les gens de la place ne connaissent pas le nom des rues et donnent les directions en te disant de tourner à droite ou à gauche à telle ou telle maison.  Après trois demandes d’information,  plusieurs appels par cellulaire et 35 kilomètres de route, nous arrivons à l’Auberge des îles où nos deux compagnons nous attendent depuis 30 minutes.  Nous dînons à l’auberge sur invitation de Gilles (merci Gilles, c’était gentil de ta part et très agréable).  L’auberge est en pleine expansion et offre une vue imprenable sur le Lac St-Jean.  C’est un très bel endroit pour ceux qui préfèrent se loger en tout confort.

 Nous continuons vers Metabetchouan tandis que Gilles conduit l’auto jusqu’au IGA et revient nous rejoindre en vélo.  Comme je suis inquiète de ne pas le voir revenir, je le rejoins par téléphone et nous réalisons qu’il a pris la route 169 pensant être sur la véloroute.  Fort de nos indications, il finit par apercevoir des cyclistes à la lisière de la forêt.  Il réussit finalement à rejoindre la véloroute et se retrouve 3 kilomètres derrière nous.  Cette erreur de parcours nous vaut un détour dans le village, bien des demandes d’information et une côte ardue à monter pour retrouver l’auto.  Autre morale retenue: les meilleurs points de repère sont les églises grâce à leurs clochers haut perchés.

 Je conduis la voiture jusqu’à Desbiens et j’attends mes compagnons au Centre d’archéologie de la Metabetchouan.  Nous aurions aimé en faire la visite car il possède une exposition permanente sur la reconstitution du poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson vers 1840, mais il est déjà 17 heures et c’est l’heure de la fermeture.

 Pendant que Serge repart en voiture pour se rendre au camping de Val-Jalbert, nous entamons la section de la véloroute la plus difficile car elle longe la route 169 jusqu’à quelques kilomètres à l’ouest de Chambord.  Nous montons plusieurs côtes et sommes assaillis par un vent du nord.  Comme nous longeons le lac, la température est plus froide.  Le coupe-vent que j’ai perdu dans le parc de la Pointe-Taillon me manque beaucoup.  Alexis et Gilles pédalent allègrement devant moi et ne cessent de se taquiner.  Ils continuent à jouer à celui qui voit le plus d’autos ou de camions jaunes.  Je commence à ressentir la fatigue et j’aimerais bien que le vent se calme.  Malheureusement, il tient à nous tenir compagnie jusqu’au bout de notre voyage. 

 Enfin nous quittons l’accotement de la route et son trafic bruyant et empruntons la piste cyclable qui longe de jolies maisons sur le bord du lac.   Nous arrivons au camping de Val-Jalbert à 19 heures et Serge nous rejoint.  Comme la piste cyclable traverse le terrain de camping, nous nous arrêtons pour récupérer des vêtements plus chauds avant de poursuivre notre route jusqu’à Roberval.  La fin du parcours est agréable et longe encore le lac.  A 20 heures, nous arrivons enfin chez ma cousine Moïsette, bien fiers d’avoir relevé ce défi et parcouru ces 300 kilomètres en 5 jours


Nous sommes accueillis avec enthousiasme par Moïsette et sa famille ainsi que Lucette l’épouse de Gilles. Un succulent souper à la tourtière du Lac St-Jean nous attend.  Nous le dégustons d’un appétit vorace qu’ont creusé les efforts de la journée et passons plusieurs heures autour de la table à raconter les péripéties de notre voyage.


Ce voyage nous a enchanté et nous a donné le goût des voyages en vélo.  La prochaine fois, nous voyagerons sans être accompagnés d’une voiture.  Nous pensions avoir besoin de la voiture pour nous reposer à tour de rôle mais c’est souvent à contrecoeur que nous délaissions notre vélo.   Il est possible de voyager en vélo avec un équipement de camping réduit car nous avons rencontré plusieurs cyclistes qui le faisaient.  Au besoin, nous nous procurerons une petite remorque de vélo, tel que vendu chez Mountain Equipment Coop, ce qui nous permettra de transporter plus facile l’équipement et la nourriture. 

 Nous nous donnons rendez-vous l’été prochain, soit sur le sentier du Petit Train du Nord dans les Laurentides ou à l’Île du Prince Édouard.

samedi 13 avril 2024

Vallée du Richelieu - août 2005

Sorel à St-Marc-sur-Richelieu

Amateurs de vélo et de camping, cet été nous optons pour le cyclotourisme lors nos vacances estivales. Le Québec regorge d'endroits charmants à découvrir et de belles pistes cyclables. Nous prenons donc la route en direction de Sorel où nous débutons notre périple de deux semaines en compagnie de notre cousin Gilles, qui sera notre comparse tout au long de ce voyage dans la Vallée du Richelieu, les régions de Lanaudière et Chaudière-Apalache.

Après avoir installé nos tentes au camping du Chenal-du-Moine, nous partons explorer la ville de Sorel , en compagnie de nos cousins et cousines Gilles, Claude et Martine. Le point de vue sur le fleuve St-Laurent à l'intersection de la rue de la Rive est invitant et nous y faisons une halte ce qui nous donne l'occasion de détendre nos muscles. En soirée Lucette, l'épouse de Gilles, et des amis nous rejoignent et nous allons souper ensemble au restaurant et ensuite voir la pièce « Aux petits oignons » au théâtre d'été le Chenal-du-Moine. La pièce était excellente, mais les efforts de la journée ont eu raison de moi et j'avoue que j'ai somnolé à certains moments.

Le lendemain matin, après avoir chargé nos vélos et BOB, la remorque de Serge, nous quittons le camping où nous laissons nos voitures que nous reprendrons dans quelques jours. Je pars sans vérifier soigneu­sement l'itinéraire de la journée et je me trompe de route pour sortir de Sorel. Nous devons rebrousser chemin lorsque nous réalisons que nous sommes du mauvais côté de la rivière Richelieu. Une carte de Sorel aurait été bien utile. Dans le trafic de la ville, mes étriers à courroies m'insécurisent. Avec la charge sur le vélo, je suis moins stable qu'à l'accoutumée. Serge les enlève, mais maintenant je pédale moins efficacement; il faudra trouver une autre solution. Nous voilà finalement sur la route 133. Bon! ce n'était pas tout à fait le trajet que j'avais prévu mais en bifurquant par la route 239, nous rejoignons le Chemin Sainte-Victoire et retrouvons la tranquillité si apaisante de la campagne.

Nous effectuons notre première halte à l'église de Sainte-Victoire de Sorel où nous pique-niquons et nous reposons. Les églises sont l'endroit idéal pour effectuer une halte. Il y a toujours de beaux arbres pour nous abriter du soleil et une pelouse verdoyante où il fait bon s'étendre. Gilles ne s'en prive pas.



Un couple de cyclistes, Claude et Colette originaires de Charny près de Québec, nous rejoignent sur le terrain de l'église. Tout en jasant, ils nous apprennent qu'ils ont fait plusieurs voyages en Europe, tous très intéressants, avec Vélo Québec . De plus, les chanceux, ils viennent de gagner un voyage à Paris avec l'organisation du Tour de France.

Entre les champs de maïs et de soya, le long du Rang de la Basse, se cache un ruisseau paisible entouré de jolies fleurs sauvages. Quelle belle occasion pour s'arrêter et étirer nos muscles fatigués tout en admirant le paysage!

A Saint-Ours , nous allons visiter les trois terrains de camping de la municipalité, ce qui nous oblige à reprendre la route 133 vers le nord et faire plusieurs kilomètres additionnels sur une route sans accotement. Nous choisissons finalement le Domaine de la Paix, situé aux abords du village, qui est impeccable et aménagé avec goût. Par surcroît, les propriétaires sont très sympathiques.

En fin d'après-midi, nous enfourchons à nouveau nos vélos et nous nous rendons au Canal historique de Saint-Ours . Inaugurée en 1849, cette écluse du Richelieu permet la navigation entre le fleuve St-Laurent et le lac Champlain. Tout en dégustant une crème glacée, nous observons les bateaux qui attendent l'ouverture des écluses. C'est la belle vie, quoi!

Gilles a des ennuis avec son vélo, trois rayons de la roue arrière se sont cassés. À l'épicerie, un des employés lui donne l'adresse d'un réparateur de vélos dans les environs. Malheureusement celui-ci n'a pas les outils nécessaires pour faire la réparation et, par conséquent, Gilles devra retourner le lendemain à Sorel dans l'espoir de faire réparer son vélo.

Nos voisins de camping sont Lucie, Alain et leur chien Mirka qui prend place dans une remorque pour enfant. Comme nous, ils voyagent à vélo. Nous passons la soirée ensemble au coin du feu et profitons des conseils d'Alain qui pratique ce sport depuis de nombreuses années. Lucie me conseille d'acheter des cale-pieds sans courroies, comme les siens, et m'assure que cela améliorera ma performance de pédalage.

Le lendemain Serge et moi partons en direction de Saint-Denis , tandis que Gilles retourne à Sorel par le chemin le plus court. La route conduisant à Saint-Denis est très agréable et longe la rivière Richelieu.

Au village, nous nous rendons visiter la Maison des Patriotes qui est en fait la maison de Jean-Baptiste Mâsse, marchand et sympathisant patriote, qui fut construite vers 1809 . Je dois avouer mon ignorance sur l'histoire du mouvement patriote au Bas-Canada et des rébellions de 1837-1838. Mais grâce au savoir et au sens de la communication de Catherine, l'animatrice, nous avons tout appris sur ces événements qui ont constitué l'apogée du courant de résistance apparu au début du 19e siècle tant au Haut-Canada (Ontario) qu'au Bas-Canada (Québec) envers l'élite britannique qui gouvernait alors les colonies sans se soucier des aspirations civiles et démocratiques de la population canadienne. C'est une visite très enrichissante et nous la recommandons à tous sans hésitation.

L'histoire veut que ce soit grâce au bedeau de la paroisse qui s'est empressé de sonner les cloches de l'église, malgré le désaccord du curé, afin d'avertir les habitants de l'arrivée de l'armée britannique. C'est armés de fourches, de bâtons et de quelques fusils qu'ils ont affronté l'armée de sa Majesté et ont réussi temporairement à la faire battre en retraite.

Un appel à Gilles nous apprend qu'il a pu faire réparer son vélo et qu'il est en route pour nous rejoindre au village de Saint-Antoine-sur-Richelieu . Nous avons donc le temps de prendre le petit traversier qui nous amène de l'autre côté de la rivière, au village de Saint-Antoine et de pique-niquer dans le parc en face de l'église avant de le rejoindre à la croisée du Chemin de la Pomme d'Or.

Nous quittons enfin la route 223 qui est très étroite et achalandée en cette dernière fin de semaine des vacances de la construction et nous poursuivons notre route dans la campagne paisible par le Rang du Brûlé et le Chemin de la Beauce jusqu'au village Calixa-Lavallé . En traversant ce village, on ne peut s'empêcher de penser qu'il a vu naître l'auteur de la musique de l'hymne national Ô Canada. La route est assez cahoteuse et l'asphalte en mauvais état par endroit et c'est probablement pourquoi le trajet nous paraît bien long en cette fin d'après-midi.

Nous voilà enfin dans la Montée de Verchères qui nous conduit à Saint-Marc-sur-Richelieu , endroit où nous avons prévu camper cette nuit. Mes compères sont des carnivores invétérés et ils veulent absolument manger des saucisses pour le souper. Nous nous arrêtons donc à l'épicerie du village pour faire des provisions et nous repartons ensuite en direction nord pour nous rendre au Camping Terrasse Saint-Marc.

Grande déception, notre emplacement nous coûte 40$ et il y a très peu d'arbres pour nous protéger de la chaleur. Une chance que cette section est peu occupée car cela nous permet de nous coucher tôt et de bien dormir.

St-Marc-sur-Richelieu à Sorel

Il a plu durant la nuit, mais heureusement celle-ci cesse au matin et un soleil radieux se pointe le nez. Nous nous mettons en route après un déjeuner copieux et allons prendre le traversier, qui est situé à 4 km au sud du terrain de camping, pour nous rendre à Saint-Charles-sur-Richelieu . En débarquant du traversier, nous rencontrons à nouveau Claude et Colette avec qui nous avions jasé la veille à l'église de Sainte-Victoire. Nous avons le sentiment de revoir de vieux amis. Une petite averse se pointe à nouveau et nous nous abritons rapidement sous le toit de la station de service avoisinante, mais heureusement le soleil revient rapidement nous tenir compagnie.

À la sortie du village, nous empruntons le rang Amyot qui sillonne de belles fermes agricoles et se faufile le long de magnifiques champs de tournesols et de séchoirs à maìs. Nous ne cessons de nous émerveiller devant ce décor champêtre et les demeures pittoresques.

Il faut croire que c'est un parcours très prisé des cyclistes car nous croisons à nouveau Claude et Colette et nous faisons ensemble une pause jasette ponctuée de récits de voyages en vélo et de discussions sur nos ancêtres, car Claude est féru de recherches généalogiques.

Le long du Rang de la Basse au nord de Saint-Ours, nos provisions d'eau sont presque épuisées et il nous reste encore quelques heures de route à faire. Heureusement, nous apercevons un couple en train d'aménager un plan d'eau près de leur maison. Nous nous arrêtons et allons leur demander s'ils auraient la gentillesse de remplir nos bouteilles, ce qu'ils firent de grand cœur. Nous tenons à remercier nos bons samaritains Josée et Marcel Morneau avec qui nous avons passé un agréable moment.

À Sainte-Victoire, nous découvrons un parc bien aménagé et ombragé à côté de l'église et c'est là que nous pique-niquons. Gilles en profite pour faire sa sieste du midi tandis que je prends des notes sur notre parcours de la journée. Et si vous vous demandez ce que Serge fait, et bien sachez qu'il est toujours à la recherche de chocolat et qu'il a découvert l'épicerie du coin où il a pu s'approvisionner.

Les bornes-fontaines sont devenues des œuvres d'art à Sainte-Anne de Sorel. Dans le cadre des fêtes du 125e anniversaire de la municipalité, un concours faisait appel aux talents créateurs des jeunes pour décorer les bornes-fontaines . Les gagnants ont vu leurs dessins être reproduits sur les bornes-fontaines. Et nous, nous avons eu le plaisir de les admirer.

À la croisée de la route 132, nous décidons de prendre la piste cyclable qui nous conduit jusqu'au boulevard Poliquin. Malheureusement cette piste est en gravier sur fond mou et ce n'est pas l'idéal pour des vélos chargés comme les nôtres. Nous voilà enfin sur le chemin du Chenal-du-Moine à Sorel. Comme un gamin, Gilles saute une chaîne de trottoir et arriva ce qui devait arriver, une crevaison. Pendant qu'il décharge son vélo et s'affaire à réparer sa crevaison, Serge et moi continuons notre route jusqu'au camping du Chenal-du-Moine afin de récupérer la voiture et revenir le chercher. Vers 17 heures nous sommes finalement tous de retour au terrain de camping où nous montons les tentes et allons ensuite prendre une douche bien méritée. Comme c'est l'anniversaire de Gilles, nous allons célébrer cela au restaurant. Belle excuse aussi pour prendre congé de la corvée du repas et de la vaisselle.

Il a plu durant la nuit, mais le ciel bleu nous accueille à notre lever. Nous plions bagages, installons les vélos sur les voitures et allons faire quelques commissions en ville avant d'entreprendre la deuxième partie de notre voyage en vélo.


vendredi 12 avril 2024

Lanaudière - août 2005

Berthierville à Notre-Dame-des-Prairies - 30 km

Le temps est chaud et humide. Nous prenons le traversier de Sorel pour nous rendre à l'Île Saint-Ignace. Depuis hier, j'ai développé une allergie au soleil, ce qui m'oblige à porter un chandail à manches longues et une crème solaire à protection maximale. En plus des démangeaisons et de la sensation de brûlure, j'ai maintenant l'impression d'être continuellement dans un bain sauna.

Nous explorons l'île en voiture puis nous nous rendons à Berthierville au Parc de la chapelle des Cuthbert où nous prévoyons laisser les voitures pour quelques jours pendant que nous explorerons la région de Lanaudière en vélo.

James Cuthbert fit ériger cette chapelle protestante à la mémoire de sa femme Catherine. Il s'est battu aux côtés du général Wolfe contre Montcalm sur les plaines d'Abraham de Québec en 1759 et il fut le premier seigneur anglophone de la seigneurie de Berthier, La chapelle fut classée monument historique en 1958.

Après un pique-nique dans le parc sous les arbres, nous chargeons nos vélos et la remorque BOB en suant à grosses gouttes sous la chaleur suffocante de l'après-midi. Nous empruntant la route 138 qui est très achalandée à ce moment de la journée, puis tournons à gauche dans le rang de la Rivière Bayonne Nord… enfin la tranquillité. De jolies demeures et des arbres en pleine maturité ornent cette route qui longe sur plusieurs kilomètres la rivière qui ondule dans les herbes folles. Nous faisons un arrêt au pont couvert Grandchamp à la hauteur de Ste-Geneviève.

Juste avant d'arriver au village de Sainte-Élisabeth, nous nous arrêtons à la ferme Le Loup dans la Bergerie pour faire des provisions en vue de notre repas du soir. Tant de produits nous tentent mais nous n'avons d'autres choix que d'être frugaux et nous choisissons des steaks congelés. Au malheur, la béquille de la remorque de Serge se brise. Et lui qui était si fier de sa trouvaille achetée sur l'Internet. Heureusement il réussit à la rafistoler tant bien que mal.

Nous arrivons enfin à la Ferme Régis, gigantesque potager à la jonction de la route 131, par le rang de la Chaloupe 2e et comme nous sommes fatigués et assoiffés, cette halte est la bienvenue. Assis sous la véranda du magasin, nous en profitons pour nous informer auprès d'une gentille dame de Joliette sur la route à prendre pour nous rendre au Camping Belle-Rive à Saint-Charles-Borromée. Sous ses bons conseils, nous prenons le rang Sainte-Julie lequel semble ne plus finir. Les gars ont déjà pris une bonne longueur d'avance sur moi et je ne les vois plus. Je demande alors à un passant si le terrain de camping est encore bien loin et il m'apprend que nous sommes à Notre-Dame-des-Prairies, donc du mauvais côté de la rivière et, comble de malheur, la seule façon de traverser la rivière est de retourner à Joliette. Vite, j'appelle les gars sur mon téléphone cellulaire pour leur dire de venir me rejoindre tout en leur apprenant la mauvaise nouvelle. Cela nous a valu un épisode de mauvaise humeur de la part de Serge qui avait sûrement hâte de terminer sa journée de vélo. Nous nous sommes rappelés avoir vu un terrain de camping le long de la route et, d'un commun accord, nous décidons de nous y arrêter. Le camping Belle-Marée s'est avéré un bon choix, très tranquille et avec une vue magnifique sur la rivière. Comme il est assez tard, nous commandons de la pizza d'un restaurant de la région, ce qui nous permet d'aller au lit assez tôt et de profiter d'une bonne nuit de sommeil.

Notre-Dame-des-Prairies à Sainte-Marcelline-de-Kildare - 25 km

Encore une fois, une journée chaude s'annonce et nous nous mettons en route dès 8h30 pour profiter au maximum du matin, moment le plus agréable de la journée, car l'air est encore frais, le trafic à son minimum et notre énergie au maximum. Tout en suivant le rang Sainte-Julie, nous arrivons à Notre-Dame de Lourdes. Une annonce « Bleuets à vendre » attire notre attention et notre regard se pose sur des cueilleurs dans le champ affairés à récolter ces merveilleux petits fruits. Ne pouvant résister à l'envie d'y goûter, nous allons nous en procurer et les dégustons avec gourmandise.

Au Rang du Pied-de-la-Montagne, nous faisons un détour pour nous rendre à la mièlerie « Miel du Jour ». Le miel nous a attiré, mais c'est plus que cela que nous avons découvert. Une jolie halte pour pique-niquer, des produits du terroir superbes, une mini-ferme d'animaux variés ainsi qu'une maisonnette illustrant l'histoire du miel et en plus des propriétaires chaleureux qui rendent cet endroit pittoresque et invitant. C'est à l'ombre du chapiteau que nous pique-niquons et prolongeons un peu trop longtemps notre halte du midi.


Nous arrivons finalement au camping Sol-Air à Sainte-Marcelline-de-Kildare en fin d'après-midi, ce qui nous permet d'aller nous rafraîchir dans la piscine avant le souper. Comme en fait foi cette photo, Gilles et Serge prennent même plaisir à la corvée de vaisselle. En soirée, nous rencontrons une petite famille de Mascouche, dont le père est un grand amateur de vélo. Il réussit à réparer mon dérailleur qui ne veut plus descendre sur le petit plateau; pas très pratique pour monter les côtes qui sont nombreuses dans cette région.

Sainte-Marcelline-de-Kildare à Crabtree - 42 km

Nous avons maintenant l'habitude de nous lever tôt et de déjeuner rapidement et notre caravane est prête à quitter le camping dès 8h30. Nous retrouvons le 9e rang et prenons la direction de Rawdon . Nous sommes encore indécis à entrer dans Rawdon car c'est une ville de villégiature avec beaucoup de circulation et bien des côtes pour s'y rendre, mais il y a aussi le Parc des Chutes-Dorwin qui est une excellente source de tranquillité avec ses deux belvedères d'observation et de magnifiques sentiers de marche. Par contre, notre réserve de butane pour notre petit poêle Bleuet commence à diminuer et ce serait une occasion de refaire le plein de provisions. Finalement, c'est mon vélo qui a le dernier mot car il tombe de nouveau en panne; la chaîne de mon dérailleur débarque en pleine descente prononcée et mon frein avant reste collé. Me voilà obligée de monter la côte de 10% de pente menant à Rawdon en poussant mon vélo et en me faisant frôler par les autos et camions qui circulent rapidement sur cette route sans accotement.

Heureusement nous trouvons une boutique de réparation de vélos et son propriétaire fort sympathique procède à l'ajustement de mon vélo gratuitement. Cependant nous ne trouvons nulle part des bonbonnes de butane. Avec grand soulagement, nous quittons Rawdon en dévalant la pente que j'avais trouvé si pénible quelques heures auparavant et nous empruntons le chemin Forest qui sillonne la campagne et qui nous apporte la paix.

Nous pédalons tranquillement jusqu'à St-Liguori où tout de suite nous trouvons l'église, notre endroit de prédilection pour le pique-nique du midi. Par un heureux hasard, juste à côté se trouve le dépanneur du village où nous nous approvisionnons de bagles, de fromage à la crème, de thon en boîte et de jus de légumes. Assis sur les marches de l'église nous avons l'impression de faire un festin incroyable, mais il reste un petit creux dans nos estomacs pour savourer une bonne crème glacée chez le dépanneur.

En discutant avec la dame du dépanneur, celle-ci me convint de changer mon plan de route et d'emprunter la Route de l'Église pour nous rendre au Camping des Deux-Rivières à Crabtree plutôt que de retourner sur nos pas et contourner la rivière. Erreur! Pour atteindre notre destination, il faut emprunter la route 158 plus au sud mais celle-ci n'est pas accessible aux vélos. Nous en avons conclu que la chère dame ne faisait pas de vélo. Nous entrons dans le village de Crabtree et errons dans les rues en demandant notre chemin aux passants.

Après bien des détours et une route barrée que nous empruntons quand même (nous avons appris plus tard que les inondations du printemps dernier ont causé ces dommages), nous arrivons enfin au terrain de camping. Il aurait été plus facile et plus court de s'y rendre par le Rang de la Rivière-Nord à partir de la route 346 mais j'ai appris que les gens donnent des informations du point de vue d'un automobiliste. Les meilleures indications ont été obtenues de cyclistes rencontrés sur notre chemin.

Le terrain de camping est assez joli et possède une belle piscine. Cependant les toilettes n'ont ni papier de toilette, ni savon, ni essuie-mains; pas très pratique pour des cyclistes. Ceci s'explique par le fait que le camping est occupé presque exclusivement par des saisonniers. À l'entrée du camping, les propriétaires ont aménagé un étang où se prélassent quelques esturgeons bien dodus.

Le temps est très humide et nous sommes situés à proximité de champs de blés d'inde. Par conséquent, une nuée de petits moustiques noirs nous assaillent sans répit. Nous comprenons alors pourquoi les campeurs se font rares à l'extérieur. Malgré tout, je trouve une gentille dame assise devant sa roulotte en train de tricoter des pantoufles et qui m'offre de me prêter sa bouilloire pour faire chauffer de l'eau. Depuis quelques jours, nous sommes en mode économie avec notre petit poêle. C'est aussi une bonne occasion de jaser avec un couple fort sympathique.

La nuit est super chaude et les enfants dans la roulotte voisine n'arrivent pas à s'endormir, à 1h00 du matin je les entends encore parler. Finalement, le vent se lève et sous une pluie légère tout devient calme.

Crabtree à St-Joseph-de-Lanoraie - 50 km

On nous annonçait des orages mais il n'en fut rien. Nous partons tôt le matin vers 8h30 et le temps est déjà chaud et humide. Le vent est devenu notre ami car il nous rafraîchit. Le parcours dans la campagne, le long des rangs, est particulièrement vallonné aujourd'hui, mais mon vélo tient bon et le changement de vitesses fonctionne bien. Les grands arbres le long de la route nous protègent du soleil et nous apportent un peu de fraîcheur. De beaux champs de blé, de choux et d'oignons bordent le Chemin du Roy que nous empruntons pour nous rendre au prochain village.

Nous faisons un détour par la Paroisse de l'Épiphanie avant de nous rendre à l'Assomption. En cherchant un coin paisible pour nous reposer, nous apercevons la terrasse extérieure du restaurant La Cuillère à Café qui est tellement invitante que nous nous y attardons en sirotant café et liqueur douce.

L'heure du midi approche et nos ventres creux nous le rappelant sans cesse, nous faisons un arrêt à la Ferme André Cormier pour pique-niquer et nous approvisionner de pain de ménage, de blés d'inde, de tomates, de framboises et de bleuets. La gentille propriétaire nous offre même de faire cuire nos blés d'inde dans la maisonnette des travailleurs et de plus, ces derniers nous offrent leur réserve d'eau de source qui est bien meilleure que l'eau sulfureuse de l'abreuvoir. Comment ne pas être émus par tant de générosité et de gentillesse!

Nous faisons aussi connaissance avec l'animal de compagnie de la famille Cormier, un charmant petit cochon noir prénommé Scandale, qui adore les framboises. Il est très sociable et adore les caresses que lui prodiguent affectueusement les visiteurs.

Nous arrivons à la ville de L'Assomption par le rang de l'Achigan. De jolies demeures ancestrales parent les rues du centre-ville. L'Assomption se veut le berceau de la ceinture fléchée, laquelle est tissée à la main et ornée de motifs d'éclairs et de flammes. Au début de la colonisation, elle servait d'échange avec les Indiens et ceinturait la taille des hommes qui voyageaient en canot pour la traite des fourrures de l'Ouest . Nous empruntons le pont qui enjambe la rivière L'Assomption afin de rejoindre la campagne par le Rang du Bas-de-L'Assomption. Mais avant d'entreprendre le long trajet à travers les rangs qui nous conduiront à notre destination de la journée, nous faisons un arrêt à la Ferme d'Autrefois pour acheter des provisions pour le souper.

Après avoir traversé la route 343, la route devient Rang Point du Jour Sud qui s'échelonne sur plusieurs kilomètres et nous fait douter de l'exactitude de notre trajet. Nous croisons sur notre route champs de potagers, de melons de miel, troupeaux de vaches au repos et pépinières de grossistes. Nous arrivons finalement au Rang St-Étienne qui nous conduit à St-Joseph-de-Lanoraie, petit village situé en bordure du Fleuve St-Laurent. Il fut le site d'un village iroquois que Jacques Cartier a pu observer en remontant le Saint-Laurent en 1535.

C'est au coin de la route 138 et du Chemin Joliette que Gilles nous quitte pour retourner à Berthierville afin de récupérer sa voiture et retourner à Montréal pour la fin de semaine où une surprise préparée par Lucette son épouse l'attend. Il nous rejoindra dans quelques jours à St-Romuald, chez ma sœur Louise, en compagnie de Claude Hamel, un autre de mes cousins afin de parcourir ensemble la dernière partie de notre voyage. Pendant ce temps, Serge et moi prenons la direction du Camping Chez Denise situé le long de la route 138 Sud quelques kilomètres plus loin.

La brise qui vient du fleuve rafraîchit l'air et nous pouvons ainsi monter notre tente et nous installer en tout confort dans un espace vert très tranquille. Malheureusement, c'était sans compter que nous étions au début d'une longue fin de semaine et bientôt d'immenses caravanes motorisées viennent s'installer tout autour de nous; notre décor champêtre est maintenant gâché. De plus, ils se regroupent tous et se mettent à jaser très fort tout en sirotant leurs bières.

Par bonheur, nous voyons arriver deux cyclistes qui comme nous viennent s'installer pour la nuit. Tout en jasant avec eux, nous apprenons qu'ils effectuent la traversée du Canada en vélo. Ils sont tous deux au début de la soixantaine et originaires de l'Ontario. Ils font des efforts presque douloureux pour nous parler en français. Cela aurait été plus simple de converser en anglais, mais devant leur détermination, nous préférons leur laisser le choix de la langue, tout en faisant quelques traductions pour accélérer la conversation. En soirée, nous allons admirer le coucher du soleil sur le bord de la plage, puis nous nous installons pour une nuit qui s'annonce confortable car le temps s'est rafraîchi.

St-Joseph-de-Lanoraie à Berthierville - 15 km

Pour le déjeuner, nous cuisinons des crêpes accompagnées du miel acheté à la Mièlerie du Jour et des framboises provenant de la ferme André Cormier. Nous nous mettons ensuite en route pour Berthierville par la route 138 qui longe le fleuve. Un écriteau « Paradis du nichoir » attire notre attention et nous nous y arrêtons. Nous y rencontrons Monsieur Pierre Laveau qui fabrique de jolis nichoirs et des petites clôtures ornementales. Il est tellement intéressant et jovial que nous passons un long moment en sa compagnie durant lequel il nous explique comment il construit ses nichoirs durant l'hiver pendant que son épouse leur ajoute sa touche artistique. Nous repartons avec un nichoir attaché sur la remorque BOB de Serge et ce beau souvenir nous rappellera longtemps ce coin idyllique le long du fleuve ainsi que ce gentil monsieur.

En route, nous pouvons admirer chez un particulier une clôture décorative fabriquée par Monsieur Laveau. Le parcours conduisant à Berthierville est très beau car il longe continuellement le fleuve. Cependant il est regrettable que la route n'ait pas d'accotement asphalté pour les cyclistes. Nous faisons un arrêt à la halte routière pour admirer les battures du fleuve et les bateaux qui passent ce qui nous donne l'occasion de rencontrer un couple en vélo originaire de Repentigny avec qui nous faisons un brin de causette.

Nous empruntons la rue Frontenac pour entrer dans Berthierville. Une partie de la rue est fermée aux voitures car le Festival de la Musique bat son plein. L'ambiance est à la fête et nous nous faufilons gaiement un chemin à travers les passants et les kiosques. Un peu plus loin nous nous arrêtons au Parc Gilles Villeneuve, célèbre coureur automobile originaire de cette ville, qui a vécu de 1950 à 1982. Au fur et à mesure que nous entrons dans la localité de Berthierville, nous croisons de magnifiques propriétés ayant vue sur le fleuve le long du Chemin du Roy.

Nous revenons au Parc de la Chapelle Cuthbert par la Rue de Bienville afin de récupérer notre voiture. Avant de quitter Berthierville, notre gourmandise nous oblige à nous arrêter à la boutique Délices d'Antan pour acheter du pain frais, de la terrine, des beignets au sirop d'érable et du caramel et à dîner sur place, ne pouvant résister à toutes ces bonnes odeurs.

Nous partons ensuite pour St-Romuald, municipalité située sur la rive sud du fleuve, en face de Québec, où nous prendrons quelques jours de repos, le temps de visiter nos familles et amis, avant d'entreprendre la dernière partie de notre voyage en vélo.

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