mardi 9 avril 2024

Parc linéaire du Petit Témis - août 2006

 Rivière-du-Loup à St-Louis du Ha! Ha! - 72 km

Après avoir chargé nos vélos et la remorque BOB, nous quittons le stationnement du Centre d'Information Touristique, plus tard que prévu, sous une pluie fine. Nous devons grimper une côte s'étalant sur 2 km et longeant le boulevard Armand-Thériault avant d'atteindre le début du sentier. Quel ne fut pas notre surprise de voir qu'il y avait un stationnement pour les utilisateurs du Petit Témis au début du sentier. Nous maugréons contre la préposeé au kiosque d'information qui ne nous a pas mentionné cette alternative. Finalement la pluie cesse mais le ciel reste couvert, ce qui garde la température confortable mais le paysage morose.

Le sentier est sur fond de fine gravelle et s'élève jusqu'à 305 mètres sur 45 km. Nous roulons donc à vitesse réduite et les kilomètres s'accumulent lentement. En passant sous un viaduc, Serge perd le contrôle de son vélo dans une courbe sur fond de sable boueux. Heureusement il a pu s'arrêter à temps et éviter le ravin qui se trouvait à sa droite.

Le sentier est très bien banalisé, les haltes sont nombreuses, joliment aménagés et très propres. À la halte de St-Modeste, qui serait selon moi l'endroit idéal pour démarrer le voyage, se trouve également un petit restaurant où la dame nous offre gentiment de nous installer à une table sous le parasol, pour notre pique-nique du midi. Notre repas n'en fut que meilleur. Tout au long de l'après-midi nous roulons dans la forêt. À la longue cela devient monotone, peut-être à cause de la fatigue, et nous avons bien hâte de terminer l'ascension du faux-plat qui s'étire jusqu'à la station de St-Honoré. Par la suite, c'est la descente et nous avalons les kilomètres sans effort et avec soulagement.


Plusieurs campings rustiques sont aménagés le long du sentier. Ils sont invitants mais l'idée de passer la soirée et la nuit dans la forêt humide sans prendre de douche ne nous emballe pas.

Nous choisissons de nous rendre au camping les Huarts à St-Louis du Ha! Ha! qui se trouve au nord du rang Beauséjour. Ceci nous oblige à faire 6 kilomètres supplémentaires en quittant le sentier à la halte touristique et nous arrivons au terrain de camping à 19 h. Cela valait la peine car le camping est bien aménagé, très propre et tranquille et de plus il est situé sur le bord du lac Dole. Après une douche bien méritée et avoir installé la tente, nous préparons le souper qui sera ce soir pâtes au pesto et au thon. Quel délice! Durant la nuit le vent se lève, ce qui rafraîchit notre petite tente, que nous trouvons décidément trop petite pour deux mais tellement légère à transporter. Y aura-t-il de l'orage cette nuit tel qu'annoncé à la météo ?


St-Louis du Ha! Ha! à Dégelis - 48 km

Il a plu un peu durant la nuit, mais le ciel est bleu et ensoleillé à notre réveil. Tout est calme, nous n'entendons que le bruit du vent dans les arbres et cela donne le goût de paresser sous la tente. Mais je me lève quand même à 6h30 pour aller laver nos vêtements qui en ont grand besoin. Nous sommes bientôt de retour dans le sentier et la descente continue jusqu'à Cabano.

Cabano est une petite ville attrayante dont le nom, dérivé du montagnais "cacano", signifie "on débarque". C'était le point où les Indiens du Nouveau-Brunswick débarquaient pour entreprendre le grand portage. La ville de Cabano fut fondée en 1898 sur l'ancien parcours du Portage de Témiscouata, la célèbre route terrestre et fluviale qui relia l'Acadie et Québec sous le régime français.

Le sentier longe la rue principale et le lac Témiscouata ce qui nous permet d'aller explorer les petites boutiques et le parc Clair Soleil. Nous arrêtons au magasin Le Spot du Vélo car Serge veut se procurer un nouveau miroir afin de remplacer celui qu'il a cassé un peu plus tôt. Nous faisons la connaissance du pittoresque et très taquin propriétaire qui réussit à nous convaincre d'acheter deux miroirs au lieu d'un. Je lui ai dit que son épouse devait être une sainte femme pour le supporter; il m'a répliqué que oui, mais que ce n'était pas facile de vivre avec une sainte. Il faut toujours que les hommes aient le dernier mot !

Sur les bons conseils de la gentille dame à l'Information touristique, nous nous rendons visiter le Fort Ingall situé quelques kilomètres plus loin. Ce fort fut érigé par l'armée anglaise au milieu du 19e siècle pour consolider leur position car une querelle frontalière battait son plein entre Britanniques et Américains. Cette dispute menaçait l'existence de la route indispensable qui reliait Québec à Halifax. La forteresse compte 11 bâtiments de bois clôturés par une imposante palissade.

Nous reprenons le sentier et admirons au passage les belles résidences qui font face au majuestueux lac Témiscouata. Nous avions dans nos sacoches des pâtisseries appétissantes que nous nous étions procurées à la boulangerie Tentations Gourmandes de Cabano. Ne pouvant résister plus longtemps à la gourmandise, nous dénichons l'endroit idéal pour savourer ces succulentes tartelettes au beurre.

La halte de Notre-Dame-du-Portage est très invitante; nous en profitons pour détendre nos muscles et jaser avec les cyclistes qui s'y arrêtent. Un peu plus loin le long d'une passerelle de bois, nous rencontrons Jacques et Claire, un couple de la ville de Québec fort sympatique qui nous recommande de nous installer au camping municipal de Dégelis pour la nuit.


Nous avions prévu nous rendre à Edmundston au Nouveau-Brunswick mais les gens de la région nous ont dit qu'après Dégelis le sentier longe la route 185 et le parcours est moins intéressant. Nous décidons donc de nous arrêter à Dégelis. Pour nous rendre au terrain de camping, nous empruntons la passerelle piétonnière du barrage Témiscouata qui est en soi une attraction majeure à Dégelis et permet de relier les différents centres récréo-touristiques de la région.


Le terrain de camping est à la hauteur des éloges qu'en avaient fait Claire et Jacques. Il est très bien entretenu, les sites sont boisés et gazonnés et de plus le couple qui gère le terrain de camping nous accueille comme si nous étions des membres de leur famille. Jacques et Claire reviennent de l'épicerie avec des légumes pour la préparation de notre souper et naturellement quelques bières pour passer la soirée au coin du feu. Nous passons la soirée à parler voyages et projets de retraite et nous échangeons quelques bonnes idées.

Dégelis à St-Louis du Ha! Ha! - 47 km

Nous nous éveillons encore courbaturés de nos heures de vélo. Je ressens une douleur musculaire persistante au haut du dos. C'est mon point faible et je n'ai pas encore trouvé moyen de prévenir cela malgré les différents exercices que je fais. Une autre belle journée chaude et ensoleillée s'annonce. Rapidement nous préparons notre petit déjeuner et rangeons équipement de camping et vêtements dans nos sacoches.

Avant de partir nous faisons nos adieux à nos nouveaux amis Colette et Jacques qui partent eux aussi vers d'autres lieux de vacances à bord de leur Westfalia. La visite de leur véhicule récréatif éveille notre intérêt et fait jaillir des projets pour l'avenir. Ce genre de véhicule comble tous nos besoins et est assez compact pour se déplacer avec aisance dans tous les endroits possibles, autant en forêt que dans des villes ou petits villages. Nous voilà maintenant partis à rêver !

Il est presque 10h lorsque nous nous mettons en route, ce qui signifie que nous devrons rouler sous un chaud soleil toute la journée. L'objectif de la journée est de se rendre à St-Honoré ce qui nous ferait deux journées d'environ 50 kilomètres. Le sentier entre Dégelis et Cabano est assez achalandé ce matin. Tous les cyclistes et petites familles de la région semblent avoir choisi cette belle matinée pour prendre l'air. Les bonjours se répètent sans arrêt; les gens sont joyeux et entreprennent la conversation aisément. Nous avions prévu prendre le traversier pour nous rendre à St-Juste mais nous manquons le bateau de quelques minutes. Il part de Notre-Dame-du-Lac aux heures et de St-Juste aux demies de l'heure.

À Cabano Serge ne manque pas de faire un arrêt à la boulangerie pour acheter quelques desserts alléchants. Nous pique-niquons dans le parc près de jeunes qui s'amusent sur leurs planches à roulettes. En allant retirer de l'argent à la Caisse Populaire, nous rencontrons un couple de Farnham dont la jovialité nous a beaucoup amusés. Ils étaient dans l'attente de leur Westfalia (décidément ils sont très populaires) qui était tombé en panne il y a quelques jours. Serge et lui se sont très bien entendus car ce sont tous deux des as de gadgets; nous sommes repartis après qu'ils aient venté chacun leurs précieuses découvertes. En quittant Cabano les cyclistes se font de plus en plus rares. Le temps est chaud et la fatigue ainsi que mes douleurs au dos et au cou rendent le trajet plus laborieux.

Comme à St-Honoré il n'y a pas de terrain de camping, nos alternatives sont le camping rustique le long du sentier ou un gîte à St-Louis. Nous nous arrêtons au gîte Au Doux Repaire situé le long du sentier près de St-Honoré en espérant pouvoir y loger ou tout au moins pouvoir y installer notre tente. Géraldine, la propriétaire, avait décidé de prendre congé ce jour-là mais devant nos mines déconfites, elle accepte de nous héberger. De plus nous avons la possibilité de nous rafraîchir dans la piscine. Le site et le gîte sont merveilleux, de style campagnard, avec vue sur la vallée verdoyante, et la petite famille qui nous accueille, Géraldine, Hervé et leurs deux fils Xavier et Rémi sont très chaleureux. Nous préparons notre souper sur la véranda et allons au lit très tôt.

St-Louis-du-Ha!-Ha! à Rivière-du-Loup - 60 km

Le lendemain matin, le petit déjeuner préparé par Géraldine et pris en compagnie de Rémi est délicieux. Il comprend toutes les aliments que nous aimons: fruits en profusion, pain doré, variété de fromages de la région. Géraldine nous raconte l'histoire de la maison qui était à l'origine l'ancienne gare et bureau de poste de St-Louis. Elle fut aussi habitée par la famille Bossé et ses 14 enfants. Elle nous parle également de leur acquisition de cette maison et de leur immigration au Québec deux ans auparavant. Cette maison leur permettait de réaliser leur rêve de s'établir à un endroit entouré d'espace vert, où Hervé pourrait posséder des chiens et l'hiver s'adonner au traîneau à chiens et où ils pourraient accueillir des visiteurs tout en offrant à leurs fils une vie saine et enrichissante. Ils adorent leur nouvelle vie et on les sent pleinement heureux.


Nous nous mettons en route vers 9h15; le temps est ensoleillé et calme. La nuit passée dans un lit douillet nous a permis de récupérer notre énergie. La montée vers St-Honoré est plus facile ce matin et nous profitons de la quiétude du matin avec une admiration renouvelée du décor champêtre qui nous entoure.

Nous nous arrêtons à la halte camping du Ruisseau Beaulieu où nous rencontrons Fiona, jeune étudiante de l'Université Concordia à Montréal et originaire de Guelph en Ontario, qui se rend en vélo à Terre-Neuve. On ne peut qu'admirer sa détermination. Bien que nous lui laissions le choix de converser en anglais ou en français, elle nous dit préférer s'exprimer en français car elle veut améliorer sa connaissance de la langue française.

Cette halte camping est, à notre avis, la plus belle et la mieux aménagée; elle possède un foyer, une énorme corde de bois de chauffage, un poêle BBQ ainsi que plusieurs plates-formes pour installer les tentes dont une près de la rivière. 

Le temps se couvre et bientôt des gouttelettes de pluie parsèment nos vêtements. Soudainement nous pédalons plus rapidement dans l'espoir d'achever les 20 kilomètres qu'il nous reste à faire avant que l'orage qui s'annonce au loin nous atteigne. Nous récupérons notre voiture au Centre d'information touristique et nous nous empressons de ranger notre équipement dans la voiture et installer les vélos à l'arrière. Bientôt nous roulons sur la route 20 en direction de Québec et voilà que l'orage s'abat sur nous. Un rideau de pluie et de grêle nous oblige à stationner la voiture le long de la route dans l'attente d'une accalmie. Et dire que nous aurions pu être en train de pédaler sur le sentier à ce même moment; nous sourions à notre chance et apprécions de terminer notre semaine de vacances bien au sec.

En quelques heures, nous nous retrouvons à St-Romuald où Louise et Richard nous attendent ainsi qu'un bon souper. Une fois de plus nous nous émerveillons devant le paysage qui s'offre à nos yeux en face de leur demeure. Le fleuve St-Laurent, la ville de Québec, c'est notre coin de paradis.


Suite - Îles du Prince-Edouard ... (Voir Articles plus anciens)

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