dimanche 7 avril 2024

Les Îles-de-la-Madeleine - août 2007

 Arrivée à l'Île de Cap-aux-Meules - 15 km

La pluie cesse enfin au matin et le soleil apparaît. L'opération séchage de tente, de matelas, de sacs de couchage et préparation de bagages restreints pour la prochaine semaine aux Îles-de-la-Madeleine commence. Vers 11h tout est prêt et nous partons pour Souris où nous prendrons le traversier à 14h pour nous rendre aux îles. Notre séjour durera huit jours au cours desquels nous parcourrons cet archipel d'un bout à l'autre de ses 100 kilomètres de long.

Nous laissons notre voiture à un Bed & Breakfast situé près de l'embarcadère du traversier pour un coût de 5$ par jour. Nous aurions pu laisser la voiture sans frais au Parc provincial de Red Point qui est à 10 kilomètres de Souris, mais au retour cela nous aurait retardé pour le retour à Québec que nous voulons effectuer en 1,5 jours, la distance étant d'environ 1000 kilomètres.

Les voitures font la queue sur le vaste terrain de stationnement, tandis que les piétons se promènent sur la plage ou se prélassent au soleil sur les bancs faisant face à la mer. À 13h45, les piétons sont les premiers à embarquer, suivis de Serge et moi qui sommes les seuls cyclistes à faire la traversée aujourd'hui. Il ne fallait pas prendre la voie des piétons mais plutôt la route et on l'a appris à nos dépens quand il a fallu monter la marche haute avec nos vélos et la remorque. Une employée du traversier très costaude a eu la gentillesse de nous aider.




À 14 heures, le bateau quitte le port de Souris lequel arrivera à Cap-Aux-Meules vers 19 heures. Après avoir attaché nos vélos le long de l'avant du bateau, nous montons aux étages supérieurs pour aller acheter nos billets. Nous attendons ensuite patiemment l'ouverture de la cafétéria pour aller dîner. Je profite de l'après-midi pour me mettre à jour dans la rédaction de mon journal de voyage tandis que Serge fait la sieste dans une des salles de repos. Les cinq heures de traversée passent rapidement.

Vers 18h35, nous descendons au 1er niveau où nous retrouvons nos vélos entourés d'une vingtaine de motos. À l'ouverture du pont, toutes les motos démarrent à nos côtés faisant un bruit d'enfer. Je me sens comme une fourmi parmi tous ces bolides et mon coeur palpite d'inquiétude. Au signal du gardien, nous sortons du bateau, suivis du cortège de motos, d'autos et de véhicules récréatifs. Nous empruntons la côte en direction de Fatima qui est, pour notre grand malheur, sans acottement et fort achalandée en raison de l'arrivée du traversier.

Nous quittons enfin la route 199, qui est la route principale reliant toutes les îles, pour prendre le Chemin des Caps, beaucoup plus paisible et nous rendre au Camping Le Barachois à Fatima à environ 7 kilomètres du traversier. Au bout de quelques kilomètres, une indication de détour nous oblige à bifurquer vers la gauche par une autre route ce qui nous désoriente un peu. Nous avons peine à retrouver le Chemin des Caps mais enfin! le voilà au prochain feu de circulation à la croisée du Chemin du Grand-Ruisseau et du Chemn des Caps. Nous le reprenons vers la gauche.

Quelques kilomètres plus loin, je vois annnoncer Chemin de la Belle-Anse. Un doute s'installe dans ma tête et après avoir consulté la carte du guide touristique, je constate que nous avons dépassé depuis longtemps le Chemin de l'Hôpital qu devait nous mener au Camping Le Barachois.

Mais où était donc cette fameuse rue que nous n'avons pas vu le long de notre route?  Je m'informe auprès d'une dame qui sort de sa maison et elle m'indique que c'était la rue au feu de circulation que nous avons croisé il y a belle lurette. Nous réalisons que ce fameux Chemin du Grand-Ruisseau change de nom au croisement avec Chemin des Caps et ceci explique pourquoi nous l'avons manquée.

Nous arrivons enfin au Camping Le Barachois plus tard que prévu, et malheureusement pour nous, c'est l'heure de récréation pour les moustiques car un nuage de maringouins nous assaillent. Vite nous faisons un feu de camp et montons la tente en essayant de chasser les moustiques mais sans grand succès. La nuit venant, ils deviennent moins agressifs et nous pouvons ainsi relaxer au coin du feu en relatant les événements du jour et planifiant notre journée du lendemain.

Nous nous mettons au lit dans nos sacs de couchage encore humides de la nuit pluvieuse d'hier. Au moins le temps est doux et l'atmosphère paisible. Seulement les vagues de la mer bourdonnent au loin.

Île du Havre Aubert - 37 km

Nous quittons le camping vers 9h30 et allons prendre la Piste cyclable et pédestre de la Belle-Anse que nous découvrons au bout du Chemin P. Thorne. Difficle à croire qu'il s'agit bien d'un sentier cyclable car la première partie est en sable rouge et nous devons pousser nos vélos sur une certaine distance. Sur la plage, un groupe de kayakistes s'apprêtent à prendre le large.



Bientôt le décor du sentier change car nous quittons le bord de mer pour pénétrer dans la forêt. Nous roulons maintenant sur du gros gravier. De nombreux petits ponts, bordés de jolies fleurs sauvages, sont parsemés le long du parcours laissant courir les ruisseaux librement . Un joyeux "bonjour" résonne dans l'air. Nous nous retournons et apercevons une jeune fille cueillant des petits fruits dans le bosquet. Nous nous arrêtons pour bavarder un peu et puis je me joins à elle afin de savourer quelques framboises sauvages.

 

À la fin du sentier nous retrouvons les falaises rouges, la mer et l'air salin. Un temps d'arrêt à la Halte du Cap au Trou est un soulagement pour nos jambes et nous permet de savourer ces instants privilégiés.
 

Des touristes rencontrés à cet endroit nous font part de leurs trouvailles qu'ils nous recommandent fortement, dont le Site d'Autrefois à l'Île du Havre Aubert. Nous en prenons bonne note car quoi de mieux que l'expérience des autres pour faire un bon choix.

Nous prenons le Chemin de la Belle-Anse, puis le Chemin des Caps qui nous conduit par monts et par vaux au petit port de pêche de L'Étang-du-Nord. Sur le site portuaire de la Côte, nous pouvons admirer l'imposante sculpture de Roger Langevin représentant sept pêcheurs tirant ensemble sur un cordage. On peut facilement imaginer la force qu'avaient ces pêcheurs à hâler leur barque sur le rivage.



Nous rejoignons le Chemin Boisville Ouest, puis le Chemin Chiasson à travers le village de L'Étang-du-Nord jusqu'à la route 199. C'est par cette route que nous nous dirigeons vers l'Île du Havre Aubert.

Bientôt nous pédalons sur l'accotement asphalté de la route, bordée de chaque côté par la mer, le long de la Plage de la Martinique qui s'étire sur une longueur de 13 kilomètres.

C'est un bon temps pour méditer en pédalant doucement.


Serge a vu de loin l'enseigne de la Boulangerie artisanale La Fleur de Sable. C'est là que nous prenons notre repas du midi: une délicieuse pizza végétarienne garnie de poivrons rouges, d'oignons verts, d'olives noires et de fromage Pied-de-Vent des îles.


C'est le ventre un peu lourd que nous entreprenons la longue côte du Chemin d'En Haut qui nous mène au Gîte La Brise où nous avons réservé une chambre pour la nuit. Nous avons choisi ce mode d'hébergement afin d'être sur les lieux pour assister aux festivités qui se déroulent à La Grave d'Havre-Aubert. Notre petite chambre est bien confortable après une semaine sous la tente.

C'est en vélo que nous nous rendons explorer le site historique de La Grave. Cette petite plage de galets, qui fut jadis un endroit de prédilection pour la pêche, a conservé son cachet bien maritime. De nos jours c'est un lieu de rencontres et d'échanges par excellence. Des activités comme les concours de châteaux de sable ainsi que de construction et de course de petits bateaux s'y déroulent à chaque année. Ce soir, 15 août, c'est la clôture de la Fête des Acadiens à La Grave; musique, feux d'artifices, bain de minuit sont les activités au programme.

On y trouve des boutiques d'artisans (sable, bijoux, bronze), des restaurants et petits cafés très invitants. Nous avons découvert de jolis objets décoratifs à la boutique Les Artisans du Sable que nous aurions aimé rapporter dans nos bagages mais il est impossible de les ranger dans nos sacs de vélo. Ce sera pour un prochain voyage. Nous nous laissons tenter par des petits savons, des sachets de tisanes et d'épices qui feront de jolis cadeaux.



Nous nous rendons à pied souper à l'Auberge Chez Denis à François où nous savourons un délicieux repas dans un décor et une ambiance agréable.
 


Nous allons par la suite nous promener sur La Grave où la fête bas son plein. Nous rencontrons un couple de Madelinots qui possède un véhicule récréatif Safari Condo et qui partage avec nous leur expérience. C'est ce genre de véhicule que nous projetons acheter dans quelques années, au moment de notre retraite. À bord de cette mini-maison ambulante, nous parcourrons le Canada et les États-Unis et irons faire du vélo dans nos régions préférées du Québec et de l'Ontario..

En fin de soirée, nous revenons au Gîte La Brise sous une pluie légère et admirons les feux d'artifice de la fenêtre de notre chambre.

De Bassin à Gros-Cap - 39 km

Nous quittons le gîte La Brise vers 9h30 après un copieux déjeuner. La cuisinière nous a servi un déjeuner plein de protéines car, dit-elle, nous aurons besoin d'énergie pour notre journée de vélo. Ce matin, nous goûtons au fameux vent des îles. Les côtes sont pénibles à monter, particulièrement dans la région de Bassin car nous pédalons face au vent.

Pour reprendre notre souffle, nous faisons un arrêt au Camping Beaurivage. Le décor nous est familier car c'est sur le bord de cette falaise où nous avons campé avec notre petite famille il y a 25 ans. Rien ne semble avoir changé, sauf que l'on voit plus de roulottes que de tentes.
Bassin

Nous rencontrons un couple originaire de la Côte-Nord avec qui nous jasons comme si nous étions de vieux amis. Il nous conseille de faire le tour de Bassin dans le sens contraire pour moins subir l'effet des vents. Nous rebroussons donc chemin et allons prendre le Chemin de la Montagne où, malgré les nombreuses côtes, nous éprouvons moins de difficulté à pédaler car nous sommes protégés des vents.


Nous nous arrêtons au Site d'Autrefois qui nous avait été fortement recommandé la veille par des touristes. Ce site est l'oeuvre de Claude Bourgeois, pêcheur madelinot qui a perdu son bateau dans un naufrage et qui a failli y laisser sa vie. Avec son langage pittoresque et un bon sens de l'humour, il nous raconte son naufrage et la vie des pêcheurs d'autrefois et de nos jours. Il pousse même la chansonnette en s'accompagnant à la guitare de façon fort agréable. Sur le site, il a reproduit des scènes de la vie quotidienne d'un village de pêcheurs. Le souci du détail nous fait croire, l'espace d'un moment, que ses personnages sont réelles. Nous avons apprécié tous les instants de cette visite. Bravo Claude!



L'heure avance et nous réalisons que nous n'aurons pas le temps de faire le tour complet de Bassin. C'est peut-être une excuse pour ne pas avoir à nous battre contre le vent et affronter les nombreuses côtes. Nous décidons donc de retourner prendre le Chemin du Bassin en nous laissant descendre au bas des côtes sans pédaler. C'est tout simplement enivrant.... J'ai été un peu trop téméraire. Le vent de côté prenait dans mes sacs de vélo et m'a fait perdre le contrôle de mon vélo. J'ai dû freiner rapidement pour diminuer ma vitesse et me stabiliser. Et Serge à l'arrière me faisait la morale.

Nous ne manquons pas de nous arrêter pour dîner à la Boulangerie La Fleur de Sable où nous dégustons une autre de leurs fameuses pizzas, cette fois-ci aux palourdes. Quel délice !

Nous reprenons la route 199 en direction de l'Île de Cap-aux-Meules et le trafic est plus dense. Le trajet le long du banc de sable est agréable car le vent du sud-ouest nous pousse de côté. Nous n'avons qu'à bien tenir nos guidons pour ne pas dériver.


Au passage, nous voyons dans le ciel des gens s'adonnant au Kitesurf et d'autres se prélassant sur la Plage de la Martinique. Des passerelles de bois protègent les dunes blondes composées de sable et de flore marine et donnent accès à la plage à différents endroits. On peut y marcher sur plusieurs kilomètres.


Nous empruntons le Chemin Le Pré, puis le Chemin de Gros-Cap pour nous rendre au Camping Gros-Cap. Le long de notre route, de jolis demeures aux couleurs vives nous séduisent. Il fait sûrement bon y vivre. Nous faisons un arrêt à l'épicerie et à la poissonnerie pour nous procurer des victuailles bien fraîches pour notre souper.



En soirée les nuages envahissent le ciel ce qui laisse présager de la pluie pour la nuit. Sous la tente, le bruit des vagues nous amène doucement au pays des rêves.

Île du Havre aux Maisons - 20 km

Des vents très violents ont fait valser la tente toute la nuit, mais la pluie n'est pas venue. J'étais bien contente que nous ayons choisi un site abrité par un bosquet. C'est sous une tente bien sèche et un ciel au soleil timide que nous nous levons. Nous nous empressons de déjeuner et de tout ranger dans la remorque et nos sacs de vélo afin de prendre la route le plus tôt possible. Mais avant de partir, nous allons réserver un site dans la section boisée pour les 2 dernières nuits de notre séjour aux îles à notre retour de l'Île de la Grande Entrée.

Nous nous dirigeons vers Cap-aux-Meules en empruntant le chemin de Gros-Cap, puis quelques kilomètres plus loin, nous prenons le Sentier du Littoral qui longe la mer, à l'écart de la Rue Principale et de son trafic habituel. Tous les nuages se sont dissipés et le paysage est tellement beau que nous faisons sans cesse des arrêts pour en jouir pleinement. Quelques mamans promènent leurs petits, des vacanciers font leur promenade matinale. Tous vivent à un rythme paisible et joyeux.

Le sentier se termine au quai d'embarquement des bateaux. De là, nous n'avons pas d'autres choix que de pédaler le long de la route 199 qui n'a pas d'accotement au centre-ville et qui est très côteuse.


Nous continuons notre route vers Havre-aux-Maisons poussés de côté par le vent du sud-ouest et les mains bien agrippées à nos guidons. Après avoir traversé le pont qui sépare les deux îles, l'accotement asphalté refait surface et nous pouvons enfin relaxer. Serge ne manque pas d'apercevoir la petite boulangerie le long de la route et nous y faisons un arrêt, le temps d'acheter des desserts appétissants pour nos prochains pique-niques.

Nous tournons à droite sur le Chemin de la Pointe-Basse qui nous apporte le calme avec son décor champêtre. Nous goûtons la douce quiétude des petits vallons habités de jolis maisonnettes aux chauds coloris, de champs garnis de bottes de foin et de la mer à perte de vue.


Nous nous arrêtons à la Fromagerie Pied-de-Vent dont la renommée est répandue à travers tout le Québec. Du bon pain frais, une pointe de fromage achetés sur place, quelques autres provisions sorties de nos sacs et nous faisons un autre délicieux pique-nique.


Un peu plus loin, nous faisons un arrêt au Fumoir d'Antan et jasons avec le sympathique et très volubile propriétaire. Nous repartons avec quelques spécialités de l'endroit, dont le hareng fumé mariné, qui prennent place dans le peu d'espace libre qui reste dans nos sacs de vélos.

Au bout du Chemin des Échouries, nous arrivons à une petite route de gravelle qui conduit au Chemin des Montants dont le nom aurait dû nous metttre la puce à l'oreille. Le chemin est en gravier fin et toujours en montée. Il nous a fallu nous rendre au sommet en poussant nos vélos. Nous avons même dû nous mettre à deux pour pousser celui de Serge auquel est fixé notre remorque de vélo et nos pieds dérapaient dans la gravelle en raison de la pesanteur. Finalement nous rejoignons le Chemin de la Dune du Sud et entreprenons la descente qui nous ramène près de la mer. Le paysage qui s'offre à nos yeux nous fait oublier toutes nos peines en un clin d'oeil.



Nous arrivons bientôt au Camping les Sillons. situé le long de la Plage de la Dune du Sud. C'est un petit camping qui possède plusieurs jolis chalets et qui a des particularités que l'on retrouve rarement dans d'autres campings: une salle de séjour toute vitrée, offrant une vue magnifique sur la mer, avec tables, micro-ondes et grille-pains, une grande buanderie, de nombreuses douches, des séchoirs à cheveux et une corde à linge aux grands vents à la disposition des campeurs.


C'est assis dans le sable fin de la plage que j'écris ce récit en fin d'après-midi au son des vagues pendant que Serge fait la sieste. Demain nous partons pour Grosse Île et l'Île de la Grande Entrée.



Nous laisserons au camping deux sacs de vélos et la remorque sous la bonne garde de la gérante des lieux et nous les récupérerons à notre retour. Nous nous rendons au Club Vacances "Les Îles" où nous séjournerons deux jours. Ce sera des petites vacances dans nos vacances car bien des activités nous attendent ainsi qu'un bon lit confortable et des repas tout prêts.

Aujourd'hui nous avons roulé seulement une courte distance, mais la montée du Chemin des Montants valait un grand nombre de kilomètres.

Île de la Grande Entrée - 47 km

Le temps est frais à notre lever et le ciel est couvert de nuages laissant présager que nous n'échapperons pas à la pluie aujourd'hui. Nous allons prendre notre déjeuner dans la salle de séjour et après avoir rangé notre remorque de vélo et les sacoches dans la remise du Camping des Sillons, nous disons au revoir à la gérante, Marguerite Richard, qui nous a accueillis avec tant de gentillesse.

Nous partons sous la pluie et un vent d'est le long de la route 199, en direction de l'Île de la Pointe aux Loups.

Bientôt le vent s'intensifie le long de la Dune du Nord qui est un long ruban de sable et qui est fouettée par les vents et les vagues. La pluie nous pince les joues et c'est en silence que nous pédalons durant les 16 kilomètres qui nous conduit à Pointe-aux-Loups. Enfin le petit village d'une cinquantaine d'habitations pointe à l'horizon et nous pénétrons dans une région boisée qui nous protège des vents. Les habitants de ce village vivent principalement de la pêche aux coques. Nous nous arrêtons dans une petite épicerie pour nous réchauffer et faire sécher un peu nos vêtements.

Nous poursuivons notre chemin à vitesse réduite car le vent vient de tourner nord-est. Nous n'avons pas le temps ni envie de nous arrêter pour prendre des photos, ce que nous regretterons sûrement plus tard. Les kilomètres s'accumulent lentement et dans ma tête défilent les "j'aurais dont dû" apporter mes gants pleins doigts, un chandail plus chaud, des couvre-souliers imperméables. Par contre, je suis assez fière d'avoir troqué le camping pour une chambre au Club Vacances Les Îles. Nous n'aurions sûrement pas eu le courage de poursuivre notre route avec tout notre équipement de camping.

Je croyais que c'était le pire voyage en vélo que nous ayons effectué à ce jour, mais le pire était à venir. Je réalise que j'ai encore fait une crevaison. Tout mouillés, les pieds flottant dans nos souliers détrempés, nous changeons la chambre à air en espérant qu'un camionneur ait pitié de nous et nous offre de nous embarquer. Malheureusement, pas un seul camion à l'horizon et les seules voitures qui nous croisent poursuivent leur chemin sans ralentir. Et Serge est de très mauvaise humeur....

Nous reprenons la route, mais maintenant nous avons froid, nos doigts et nos pieds sont gelés. Les changements de vitesse se font péniblement avec des doigts ankilosés. Nous arrivons enfin à Grosse Île, dont la communauté est anglophone, et nous avons grande hâte de nous réfugier dans le restaurant où nous nous étions arrêtés il y a 25 ans afin de savourer une bonne soupe chaude. Comble de malchance, au petit dépanneur où nous nous arrêtons, on nous informe que le restaurant a fermé ses portes il y a 2 ans. Adieu soupe chaude! Le petit dix minutes que nous y passons nous font grand bien et, bonne nouvelle, nous apprenons que les 15 kilomètres qui nous restent à faire se feront presqu'entièrement en direction sud et dans une région boisée, ce qui rendra le trajet plus facile.

Nous arrivons enfin au Club Vacances Les Îles à l'Île de la Grande Entrée qui nous charme tout de suite par son décor et son ambiance familiale. La jeune fille à l'accueil nous donne immédiatement la clé de notre chambre pour que nous puissions aller vêtir des vêtements secs. Nous nous rendons ensuite sans tarder à la salle à manger pour enfin déguster une bonne soupe chaude.


Les chambres sont coquettes et confortables; la salle de bain avec son grand bain est très invitante et nous nous y réfugions tous les deux pour redonner de la chaleur à tous nos membres.


Dans le salon-bar, nous rencontrons d'autres vacanciers qui sont venus soit en vélos ou en camping et nous nous racontons nos expériences aux îles ce qui nous donne de bonnes idées pour des activités à faire ou des coins à visiter.

En soirée, nous assistons à une présentation très informative au Centre d'interprétatoin du phoque aussi appelé loup-marin. À l'extérieur, la pluie et le vent font toujours rage. Quel soulagement de ne pas avoir à coucher sous la tente cette nuit!

Séjour au Club Vacances "Les Îles"

Aujourd'hui dimanche, tous nos projets tombent à l'eau. Nous nous rendons à 9h15 au point de rencontre pour aller explorer en habit isothermique les cavernes de surface au pied des falaises de la Bluff. Le guide nous informe que les services météorologiques annoncent des orages électriques en matinée et que par conséquent l'activité est annulée. Nous décidons donc de nous inscrire pour le lendemain matin, ce qui nous obligera à retourner à l'Île du Havre aux Maisons par taxi au début de l'après-midi.

Nous partons donc en vélo pour la Plage de la Grande Échouerie, situé à Old Harry, à 4 kilomètres vers le nord. C'est une belle plage avec du sable fin et immaculé protégée par une lagune qui permet de se baigner dans une eau calme et probablement plus chaude.



Nous repartons vers le sud pour nous rendre à la Pointe de la Grande Entrée où se termine la route 199. Le trajet n'est pas facile car nous avons un vent de face. Rendus au port de pêche, nous avons peine à contrôler nos vélos que le vent emporte de côté.

À Serge, je pose la question "Pourquoi tous les bateaux de pêche sont-ils amarrés au quai?" Malgré trois essais, il n'a pas eu la réponse. Êtes-vous meilleur?

C'est parce que c'est dimanche et que les pêcheurs ne travaillent pas ce jour-là. On nous dit que la pêche est défendue le dimanche par mesure de préservation de l'espèce.


Nous allons visiter la Boutique Marie Marto où l'on vend en exclusivité des bijoux, des peintures et d'autres objets d'art que la pittoresque propriétaire fabrique elle-même. J'achète un joli collier fabriqué avec un dollard de sable, coquillage très rare qu'elle peint et recouvre d'acrylique. Avant de repartir, nous nous laissons tenter par un délicieux et généreux club sandwich au homard servi dans un petit restaurant près du quai.


Nous retournons ensuite au Club Vacances, cette fois-ci pour notre grand plaisir, poussés par le vent. Nous nous rendons à pied au Bassin aux Huîtres explorer le Centre nautique où les bateaux Rabaska, les planches à voile, les canots et les pédalos sont en manque de vacanciers en cette journée fraîche et venteuse. Un père et ses deux fils s'initient quand même à la planche à voile dans leurs habits isothermiques.

À notre retour, nous apprenons que notre sortie en kayak dans les grottes s'est transfomée en kayak de surf dans les vagues en raison des forts vents. Voilà notre deuxième activité de la journée qui tombe à l'eau.

La soirée se termine au son des violons et des guitares avec des rythmes et des chants des îles. Les serveuses de la salle à manger viennent chercher les vacanciers pour une danse carrée entraînante.


Saviez-vous que ?
Les Madelinots peignent leurs maisons de toutes sortes de couleur car autrefois les maisons n'avaient pas d'adresses. La couleur de la maison était la façon de savoir où habitaient les gens, par exemple, Arthur Leblanc à Havre-Aubert habitait la maison jaune entre la rouge et la bleue.

Retour à Gros-Cap - 20 km

En ouvrant la fenêtre ce matin, nous voyons le soleil poindre à l'horizon. Enfin nous allons pouvoir faire notre excursion dans les grottes. Un grand nombre de personnes ont eu la même idée car nous sommes 23 à prendre le départ après avoir revêtu nos habits isothermiques, gilets de sauvetage et casques protecteurs. Les guides donnent les consignes d'usage et nous partons en mini-bus pour nous rendre au bord de la mer à la pointe de l'île.

Nous entrons dans l'eau et petit à petit l'eau s'infiltre dans nos habits. Fait surprenant, nous ne ressentons pas la fraîcheur de l'eau. Après avoir flotté en rond sur le dos, nous nous dirigeons à reculons vers les grottes en glissant sur les vagues. Il faut nager contre le courant pour réussir à avancer et bientôt je réalise que je suis loin du groupe malgré mes efforts. Est-ce la fatigue, la panique ou l'inquiétude ? Ma respiration devient plus difficile et j'hyperventile. je fais des signes à un des guides et il me ramène sur le bord de la grève. Je dois dire que ces moments dans les vagues, transportée par ces bras forts, furent fort agréables. Je rejoins deux autres personnes qui comme moi ont rebroussé chemin.


Pendant ce temps, Serge a continué l'aventure avec le groupe. Poussé par les vagues, il est entré dans toutes les grottes et en est ressorti avec le recul des vagues. Dans une des grottes, il est resté pris et a été projeté contre la paroi car la personne devant lui n'a pas pu sortir avec la vague. Il fut quitte pour une coupure au front et une foulure à la jointure de la main. Malgré sa mésaventure, il a continué à entrer dans les grottes et est revenu heureux de son expérience et de la sensation que cela lui a procurée.


Au retour, nous enlevons nos habits, les rinçons puis allons prendre une douche pour nous débarasser de l'eau salée. Après dîner, nous faisons nos adieux au personnel et Cathy, à la réception, me donne ses coordonnées car son copain est pêcheur d'homards et il serait possible de faire un voyage de pêche sur son bateau lors d'un prochain voyage. Nous partons en taxi, après avoir réussi à y caser nos deux vélos et nos bagages, pour retourner au Camping des Sillons à l'Île du Havre aux Maisons où nous récupérons notre équipement de camping.

Nous nous mettons en route pour nous rendre à Gros-Cap en empruntant la route 199. Les vents sont du sud-ouest à 30 kilomètres à l'heure, donc en alternance de face et de côté. Les vingt kilomètres que nous avons à franchir sont très difficiles. Le trafic est dense aujourd'hui et il n'y a presque pas d'accotement asphalté. Comme le vent nous pousse de côté, nous avons peu d'espace pour manoeuvrer, surtout sur le pont qui sépare Havre-aux-Maisons de Cap-aux-Meules. Il nous faut cependant gravir deux bonnes côtes avant d'arriver au traversier et même Serge doit finir de les monter à côté de son vélo.

Nous arrivons enfin au traversier et nous allons prendre le Sentier du Littoral qui nous permet d'éviter le trafic du centre-ville de Cap-aux-Meules et de retrouver le calme de la mer.

Quelques kilomètres sur le Chemin de Gros-Cap, qui est tout aussi paisible, et nous arrivons enfin au Camping Gros-Cap.

Nous nous installons pour les deux prochains jours dans un bosquet non loin de la mer qui nous protège des vents et nous assure une certaine intimité.


Chemin faisant, nous avions remarqué le Restaurant La Factrie situé au-dessus de la poissonerie Pêcheries Gros-Cap. D'un commun accord, nous décidons d'y aller souper. Sur nos vélos, sans aucun bagage, nous avons l'impression de nous envoler tellement on prend de la vitesse. Le souper fut délicieux et pas tellement dispendieux.

Le vent tombe en soirée et de retour au camping nous passons de très bons moments en compagnie de nos voisins campeurs autour de leur feu de camp.

Île d'Entrée

Nous nous levons avant le soleil. À l'horizon, de longs filaments aux couleurs arc-en-ciel sillonnent le ciel annonçant un soleil resplendissant pour la journée.


Nous partons vers 7h15 par le Sentier du Littoral pour aller prendre le bateau qui nous amènera à l'Île d'Entrée où une belle journée de randonnée pédestre dans les verts pâturages nous attend.

 L'Île d'Entrée est la seule île encore habitée qui n'est pas reliée au reste de l'archipel. D'origine irlandaise et écossaise, les 130 personnes qui y habitent vivent dans l'isolement au rythme de la mer. La principale activité économique de l'île est la pêche.

À l'embarcadère, nous rencontrons Dick et Evelyn Boggs, un couple de cyclistes à la retraite, originaire de Denver Colorado, qui sont venus en vélo depuis Ottawa. Ils ont des vélos Bike Friday avec lesquels ils ont voyagé en Amérique et en Europe. Ils prendront le bateau croisière en fin de journée pour retourner à Montreal et se rendront par la suite en vélo à Ottawa en empruntant le Sentier du P'tit Train du Nord. Nous sommes très impressionnés par leur exploit et prenons grand plaisir à discuter avec eux.



Nous arrivons à l'Île d'Entrée après 45 minutes en mer. Les petites maisons sont éparpillées entre collines et vallons et le calme et l'air pur règnent dans tous les recoins de l'île. Nous suivons la route de gravier qui serpente une partie de l'île, puis faisons un arrêt à la petite église anglicane et chez un habitant dont le terrain est jonché de cages à homards.



Nous empruntons ensuite une piste en herbe battu qui contourne les collines et nous conduit au sommet de la butte Big Hill, la plus haute des îles avec ses 174 mètres de haut, d'où nous admirons un panorama à couper le souffle. Au loin, par temps clair, il est possible d'apercevoir le Cap Breton de la Nouvelle-Écosse. Nous dénichons un petit coin entre deux buttes pour pique-niquer. C'est sûrement l'heure du dîner car au loin les vaches qui paissent sur une colline viennent de se coucher pour faire la sieste, et nous, nous faisons de même dans l'herbe qui s'agite au vent.
Nous repartons explorer les prés et vallons où vaches, veaux et chevaux nous observent impassiblement. Au bord de la mer, les falaises sont découpées abruptement, rongées par le vent et les vagues.



En fin d'après-midi, nous retournons tranquillement au quai et observons les habitants de l'île décharger notre bateau de ses victuailles et matériaux provenant de Cap-aux-Meules. Les caisses de bière sont beaucoup plus nombreuses que celles de lait. On doit faire de joyeux "parties" à l'île.


Notre séjour à l'Île d'Entrée fut le point culminant de notre voyage dans l'archipel. Nous en gardons des souvenirs inoubliables.

À l'arrivée à Cap-aux-Meules, nous enfourchons nos vélos et allons souper, en compagnie de Dick et Evelyn, sur la terrasse de la Boulangerie La Madelon qui offre de très bons mets cuisinés et de délicieux desserts. Dick et Evelyn nous parlent de leur carrière d'enseignants, de leurs filles et de leurs voyages en vélo dans différents coins du monde. Dick et Serge sont deux "Monsieur Gadget" et ils partagent leurs trouvailles. Evelyn est comme moi une adepte de l'écriture et de la photographie. Ils nous quittent pour retourner à l'embarcadère afin de prendre le bateau qui les ramènera à Montréal.


Pendant ce temps nous regagnons le terrain de camping par la piste cyclable et jouissons une fois de plus d'une balade fort agréable le long de la mer.

Le lendemain matin est le départ pour Souris. Le gardien de nuit du camping vient nous réveiller à 5h00 et il fait encore nuit. Nous sortons avec peine de nos sacs de couchage car la nuit a été froide. Nous aurions bien apprécié nos sacs en duvet qui sont restés à la maison.

À 6h30 nous sommes en route pour prendre le bateau. Pédaler les kilomètres le long du Chemin Gros-Cap et du Sentier du Littoral est un vrai délice ce matin. Nous assistons au lever du soleil et il n'y a aucun vent.

Sur le bateau nous en profitons pour reprendre les heures de sommeil perdu et reposer nos jambes fatiguées de la randonnée de la veille à l'Île d'Entrée. Le débarquement du traversier se fait facilement et je chantonne la chanson fétiche des Madelinots qui trotte sans cesse dans ma tête "Je voudrais être Madelinot" .

En route pour la maison.


À l'année prochaine!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire