vendredi 12 avril 2024

Lanaudière - août 2005

Berthierville à Notre-Dame-des-Prairies - 30 km

Le temps est chaud et humide. Nous prenons le traversier de Sorel pour nous rendre à l'Île Saint-Ignace. Depuis hier, j'ai développé une allergie au soleil, ce qui m'oblige à porter un chandail à manches longues et une crème solaire à protection maximale. En plus des démangeaisons et de la sensation de brûlure, j'ai maintenant l'impression d'être continuellement dans un bain sauna.

Nous explorons l'île en voiture puis nous nous rendons à Berthierville au Parc de la chapelle des Cuthbert où nous prévoyons laisser les voitures pour quelques jours pendant que nous explorerons la région de Lanaudière en vélo.

James Cuthbert fit ériger cette chapelle protestante à la mémoire de sa femme Catherine. Il s'est battu aux côtés du général Wolfe contre Montcalm sur les plaines d'Abraham de Québec en 1759 et il fut le premier seigneur anglophone de la seigneurie de Berthier, La chapelle fut classée monument historique en 1958.

Après un pique-nique dans le parc sous les arbres, nous chargeons nos vélos et la remorque BOB en suant à grosses gouttes sous la chaleur suffocante de l'après-midi. Nous empruntant la route 138 qui est très achalandée à ce moment de la journée, puis tournons à gauche dans le rang de la Rivière Bayonne Nord… enfin la tranquillité. De jolies demeures et des arbres en pleine maturité ornent cette route qui longe sur plusieurs kilomètres la rivière qui ondule dans les herbes folles. Nous faisons un arrêt au pont couvert Grandchamp à la hauteur de Ste-Geneviève.

Juste avant d'arriver au village de Sainte-Élisabeth, nous nous arrêtons à la ferme Le Loup dans la Bergerie pour faire des provisions en vue de notre repas du soir. Tant de produits nous tentent mais nous n'avons d'autres choix que d'être frugaux et nous choisissons des steaks congelés. Au malheur, la béquille de la remorque de Serge se brise. Et lui qui était si fier de sa trouvaille achetée sur l'Internet. Heureusement il réussit à la rafistoler tant bien que mal.

Nous arrivons enfin à la Ferme Régis, gigantesque potager à la jonction de la route 131, par le rang de la Chaloupe 2e et comme nous sommes fatigués et assoiffés, cette halte est la bienvenue. Assis sous la véranda du magasin, nous en profitons pour nous informer auprès d'une gentille dame de Joliette sur la route à prendre pour nous rendre au Camping Belle-Rive à Saint-Charles-Borromée. Sous ses bons conseils, nous prenons le rang Sainte-Julie lequel semble ne plus finir. Les gars ont déjà pris une bonne longueur d'avance sur moi et je ne les vois plus. Je demande alors à un passant si le terrain de camping est encore bien loin et il m'apprend que nous sommes à Notre-Dame-des-Prairies, donc du mauvais côté de la rivière et, comble de malheur, la seule façon de traverser la rivière est de retourner à Joliette. Vite, j'appelle les gars sur mon téléphone cellulaire pour leur dire de venir me rejoindre tout en leur apprenant la mauvaise nouvelle. Cela nous a valu un épisode de mauvaise humeur de la part de Serge qui avait sûrement hâte de terminer sa journée de vélo. Nous nous sommes rappelés avoir vu un terrain de camping le long de la route et, d'un commun accord, nous décidons de nous y arrêter. Le camping Belle-Marée s'est avéré un bon choix, très tranquille et avec une vue magnifique sur la rivière. Comme il est assez tard, nous commandons de la pizza d'un restaurant de la région, ce qui nous permet d'aller au lit assez tôt et de profiter d'une bonne nuit de sommeil.

Notre-Dame-des-Prairies à Sainte-Marcelline-de-Kildare - 25 km

Encore une fois, une journée chaude s'annonce et nous nous mettons en route dès 8h30 pour profiter au maximum du matin, moment le plus agréable de la journée, car l'air est encore frais, le trafic à son minimum et notre énergie au maximum. Tout en suivant le rang Sainte-Julie, nous arrivons à Notre-Dame de Lourdes. Une annonce « Bleuets à vendre » attire notre attention et notre regard se pose sur des cueilleurs dans le champ affairés à récolter ces merveilleux petits fruits. Ne pouvant résister à l'envie d'y goûter, nous allons nous en procurer et les dégustons avec gourmandise.

Au Rang du Pied-de-la-Montagne, nous faisons un détour pour nous rendre à la mièlerie « Miel du Jour ». Le miel nous a attiré, mais c'est plus que cela que nous avons découvert. Une jolie halte pour pique-niquer, des produits du terroir superbes, une mini-ferme d'animaux variés ainsi qu'une maisonnette illustrant l'histoire du miel et en plus des propriétaires chaleureux qui rendent cet endroit pittoresque et invitant. C'est à l'ombre du chapiteau que nous pique-niquons et prolongeons un peu trop longtemps notre halte du midi.


Nous arrivons finalement au camping Sol-Air à Sainte-Marcelline-de-Kildare en fin d'après-midi, ce qui nous permet d'aller nous rafraîchir dans la piscine avant le souper. Comme en fait foi cette photo, Gilles et Serge prennent même plaisir à la corvée de vaisselle. En soirée, nous rencontrons une petite famille de Mascouche, dont le père est un grand amateur de vélo. Il réussit à réparer mon dérailleur qui ne veut plus descendre sur le petit plateau; pas très pratique pour monter les côtes qui sont nombreuses dans cette région.

Sainte-Marcelline-de-Kildare à Crabtree - 42 km

Nous avons maintenant l'habitude de nous lever tôt et de déjeuner rapidement et notre caravane est prête à quitter le camping dès 8h30. Nous retrouvons le 9e rang et prenons la direction de Rawdon . Nous sommes encore indécis à entrer dans Rawdon car c'est une ville de villégiature avec beaucoup de circulation et bien des côtes pour s'y rendre, mais il y a aussi le Parc des Chutes-Dorwin qui est une excellente source de tranquillité avec ses deux belvedères d'observation et de magnifiques sentiers de marche. Par contre, notre réserve de butane pour notre petit poêle Bleuet commence à diminuer et ce serait une occasion de refaire le plein de provisions. Finalement, c'est mon vélo qui a le dernier mot car il tombe de nouveau en panne; la chaîne de mon dérailleur débarque en pleine descente prononcée et mon frein avant reste collé. Me voilà obligée de monter la côte de 10% de pente menant à Rawdon en poussant mon vélo et en me faisant frôler par les autos et camions qui circulent rapidement sur cette route sans accotement.

Heureusement nous trouvons une boutique de réparation de vélos et son propriétaire fort sympathique procède à l'ajustement de mon vélo gratuitement. Cependant nous ne trouvons nulle part des bonbonnes de butane. Avec grand soulagement, nous quittons Rawdon en dévalant la pente que j'avais trouvé si pénible quelques heures auparavant et nous empruntons le chemin Forest qui sillonne la campagne et qui nous apporte la paix.

Nous pédalons tranquillement jusqu'à St-Liguori où tout de suite nous trouvons l'église, notre endroit de prédilection pour le pique-nique du midi. Par un heureux hasard, juste à côté se trouve le dépanneur du village où nous nous approvisionnons de bagles, de fromage à la crème, de thon en boîte et de jus de légumes. Assis sur les marches de l'église nous avons l'impression de faire un festin incroyable, mais il reste un petit creux dans nos estomacs pour savourer une bonne crème glacée chez le dépanneur.

En discutant avec la dame du dépanneur, celle-ci me convint de changer mon plan de route et d'emprunter la Route de l'Église pour nous rendre au Camping des Deux-Rivières à Crabtree plutôt que de retourner sur nos pas et contourner la rivière. Erreur! Pour atteindre notre destination, il faut emprunter la route 158 plus au sud mais celle-ci n'est pas accessible aux vélos. Nous en avons conclu que la chère dame ne faisait pas de vélo. Nous entrons dans le village de Crabtree et errons dans les rues en demandant notre chemin aux passants.

Après bien des détours et une route barrée que nous empruntons quand même (nous avons appris plus tard que les inondations du printemps dernier ont causé ces dommages), nous arrivons enfin au terrain de camping. Il aurait été plus facile et plus court de s'y rendre par le Rang de la Rivière-Nord à partir de la route 346 mais j'ai appris que les gens donnent des informations du point de vue d'un automobiliste. Les meilleures indications ont été obtenues de cyclistes rencontrés sur notre chemin.

Le terrain de camping est assez joli et possède une belle piscine. Cependant les toilettes n'ont ni papier de toilette, ni savon, ni essuie-mains; pas très pratique pour des cyclistes. Ceci s'explique par le fait que le camping est occupé presque exclusivement par des saisonniers. À l'entrée du camping, les propriétaires ont aménagé un étang où se prélassent quelques esturgeons bien dodus.

Le temps est très humide et nous sommes situés à proximité de champs de blés d'inde. Par conséquent, une nuée de petits moustiques noirs nous assaillent sans répit. Nous comprenons alors pourquoi les campeurs se font rares à l'extérieur. Malgré tout, je trouve une gentille dame assise devant sa roulotte en train de tricoter des pantoufles et qui m'offre de me prêter sa bouilloire pour faire chauffer de l'eau. Depuis quelques jours, nous sommes en mode économie avec notre petit poêle. C'est aussi une bonne occasion de jaser avec un couple fort sympathique.

La nuit est super chaude et les enfants dans la roulotte voisine n'arrivent pas à s'endormir, à 1h00 du matin je les entends encore parler. Finalement, le vent se lève et sous une pluie légère tout devient calme.

Crabtree à St-Joseph-de-Lanoraie - 50 km

On nous annonçait des orages mais il n'en fut rien. Nous partons tôt le matin vers 8h30 et le temps est déjà chaud et humide. Le vent est devenu notre ami car il nous rafraîchit. Le parcours dans la campagne, le long des rangs, est particulièrement vallonné aujourd'hui, mais mon vélo tient bon et le changement de vitesses fonctionne bien. Les grands arbres le long de la route nous protègent du soleil et nous apportent un peu de fraîcheur. De beaux champs de blé, de choux et d'oignons bordent le Chemin du Roy que nous empruntons pour nous rendre au prochain village.

Nous faisons un détour par la Paroisse de l'Épiphanie avant de nous rendre à l'Assomption. En cherchant un coin paisible pour nous reposer, nous apercevons la terrasse extérieure du restaurant La Cuillère à Café qui est tellement invitante que nous nous y attardons en sirotant café et liqueur douce.

L'heure du midi approche et nos ventres creux nous le rappelant sans cesse, nous faisons un arrêt à la Ferme André Cormier pour pique-niquer et nous approvisionner de pain de ménage, de blés d'inde, de tomates, de framboises et de bleuets. La gentille propriétaire nous offre même de faire cuire nos blés d'inde dans la maisonnette des travailleurs et de plus, ces derniers nous offrent leur réserve d'eau de source qui est bien meilleure que l'eau sulfureuse de l'abreuvoir. Comment ne pas être émus par tant de générosité et de gentillesse!

Nous faisons aussi connaissance avec l'animal de compagnie de la famille Cormier, un charmant petit cochon noir prénommé Scandale, qui adore les framboises. Il est très sociable et adore les caresses que lui prodiguent affectueusement les visiteurs.

Nous arrivons à la ville de L'Assomption par le rang de l'Achigan. De jolies demeures ancestrales parent les rues du centre-ville. L'Assomption se veut le berceau de la ceinture fléchée, laquelle est tissée à la main et ornée de motifs d'éclairs et de flammes. Au début de la colonisation, elle servait d'échange avec les Indiens et ceinturait la taille des hommes qui voyageaient en canot pour la traite des fourrures de l'Ouest . Nous empruntons le pont qui enjambe la rivière L'Assomption afin de rejoindre la campagne par le Rang du Bas-de-L'Assomption. Mais avant d'entreprendre le long trajet à travers les rangs qui nous conduiront à notre destination de la journée, nous faisons un arrêt à la Ferme d'Autrefois pour acheter des provisions pour le souper.

Après avoir traversé la route 343, la route devient Rang Point du Jour Sud qui s'échelonne sur plusieurs kilomètres et nous fait douter de l'exactitude de notre trajet. Nous croisons sur notre route champs de potagers, de melons de miel, troupeaux de vaches au repos et pépinières de grossistes. Nous arrivons finalement au Rang St-Étienne qui nous conduit à St-Joseph-de-Lanoraie, petit village situé en bordure du Fleuve St-Laurent. Il fut le site d'un village iroquois que Jacques Cartier a pu observer en remontant le Saint-Laurent en 1535.

C'est au coin de la route 138 et du Chemin Joliette que Gilles nous quitte pour retourner à Berthierville afin de récupérer sa voiture et retourner à Montréal pour la fin de semaine où une surprise préparée par Lucette son épouse l'attend. Il nous rejoindra dans quelques jours à St-Romuald, chez ma sœur Louise, en compagnie de Claude Hamel, un autre de mes cousins afin de parcourir ensemble la dernière partie de notre voyage. Pendant ce temps, Serge et moi prenons la direction du Camping Chez Denise situé le long de la route 138 Sud quelques kilomètres plus loin.

La brise qui vient du fleuve rafraîchit l'air et nous pouvons ainsi monter notre tente et nous installer en tout confort dans un espace vert très tranquille. Malheureusement, c'était sans compter que nous étions au début d'une longue fin de semaine et bientôt d'immenses caravanes motorisées viennent s'installer tout autour de nous; notre décor champêtre est maintenant gâché. De plus, ils se regroupent tous et se mettent à jaser très fort tout en sirotant leurs bières.

Par bonheur, nous voyons arriver deux cyclistes qui comme nous viennent s'installer pour la nuit. Tout en jasant avec eux, nous apprenons qu'ils effectuent la traversée du Canada en vélo. Ils sont tous deux au début de la soixantaine et originaires de l'Ontario. Ils font des efforts presque douloureux pour nous parler en français. Cela aurait été plus simple de converser en anglais, mais devant leur détermination, nous préférons leur laisser le choix de la langue, tout en faisant quelques traductions pour accélérer la conversation. En soirée, nous allons admirer le coucher du soleil sur le bord de la plage, puis nous nous installons pour une nuit qui s'annonce confortable car le temps s'est rafraîchi.

St-Joseph-de-Lanoraie à Berthierville - 15 km

Pour le déjeuner, nous cuisinons des crêpes accompagnées du miel acheté à la Mièlerie du Jour et des framboises provenant de la ferme André Cormier. Nous nous mettons ensuite en route pour Berthierville par la route 138 qui longe le fleuve. Un écriteau « Paradis du nichoir » attire notre attention et nous nous y arrêtons. Nous y rencontrons Monsieur Pierre Laveau qui fabrique de jolis nichoirs et des petites clôtures ornementales. Il est tellement intéressant et jovial que nous passons un long moment en sa compagnie durant lequel il nous explique comment il construit ses nichoirs durant l'hiver pendant que son épouse leur ajoute sa touche artistique. Nous repartons avec un nichoir attaché sur la remorque BOB de Serge et ce beau souvenir nous rappellera longtemps ce coin idyllique le long du fleuve ainsi que ce gentil monsieur.

En route, nous pouvons admirer chez un particulier une clôture décorative fabriquée par Monsieur Laveau. Le parcours conduisant à Berthierville est très beau car il longe continuellement le fleuve. Cependant il est regrettable que la route n'ait pas d'accotement asphalté pour les cyclistes. Nous faisons un arrêt à la halte routière pour admirer les battures du fleuve et les bateaux qui passent ce qui nous donne l'occasion de rencontrer un couple en vélo originaire de Repentigny avec qui nous faisons un brin de causette.

Nous empruntons la rue Frontenac pour entrer dans Berthierville. Une partie de la rue est fermée aux voitures car le Festival de la Musique bat son plein. L'ambiance est à la fête et nous nous faufilons gaiement un chemin à travers les passants et les kiosques. Un peu plus loin nous nous arrêtons au Parc Gilles Villeneuve, célèbre coureur automobile originaire de cette ville, qui a vécu de 1950 à 1982. Au fur et à mesure que nous entrons dans la localité de Berthierville, nous croisons de magnifiques propriétés ayant vue sur le fleuve le long du Chemin du Roy.

Nous revenons au Parc de la Chapelle Cuthbert par la Rue de Bienville afin de récupérer notre voiture. Avant de quitter Berthierville, notre gourmandise nous oblige à nous arrêter à la boutique Délices d'Antan pour acheter du pain frais, de la terrine, des beignets au sirop d'érable et du caramel et à dîner sur place, ne pouvant résister à toutes ces bonnes odeurs.

Nous partons ensuite pour St-Romuald, municipalité située sur la rive sud du fleuve, en face de Québec, où nous prendrons quelques jours de repos, le temps de visiter nos familles et amis, avant d'entreprendre la dernière partie de notre voyage en vélo.

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