dimanche 14 avril 2024

Tour du Lac St-Jean en 2004

La véloroute des bleuets

Le 30 juillet 2004, Serge et moi quittons Whitby en Ontario très tôt le matin pour nous rendre à Val-Jalbert au Québec afin de débuter notre voyage en vélo autour du Lac St-Jean, en empruntant la Véloroute des Bleuets. Nous avons prévu faire ce voyage en 5 jours, en compagnie de 2 autres compagnons, et transporter notre équipement de camping et la nourriture avec une voiture. Ceci nous donnera ainsi la possibilité de nous reposer et de nous protéger de la pluie, le cas échéant. A tour de rôle, nous devrons donc conduire la voiture d'un village à l'autre et revenir rejoindre le groupe en vélo. C'est un projet qui me tenait à cœur car le Lac St-Jean est le coin de pays où j'ai passé les plus beaux moments de mon enfance dans la famille de ma mère qui est native de Normandin.

Nous nous rendons rejoindre mon cousin Gilles ainsi que son compagnon Alexis qui est, selon les dires de Gilles, un grand sportif. Nous avions bien hâte de connaître cet Alexis avec qui j'ai correspondu quelques fois sur Internet.

Comme d'habitude le trajet le long de la 401 est monotone mais comme il fait beau, nous ne nous plaignons pas trop. Nous nous arrêtons à la marina de Prescott, qui est devenu au fil des ans, notre endroit de prédilection pour le pique-nique du midi.

La traversée de l'île de Montréal s'avère pénible en ce vendredi midi en raison du trafic intense et des travaux de réparation qui s'effectuent un peu partout. Nous nous dirigeons finalement vers Trois-Rivières et empruntons la route 155 en direction de La Tuque. Nous longeons la rivière St-Maurice et admirons les très beaux paysages de cette région que nous visitons pour la première fois. Malgré la forêt verdoyante et la rivière captivante, c'est avec soulagement que l'on voit poindre à l'horizon les eaux claires du Lac St-Jean sur les hauteurs de Chambord. Nous nous rendons au Camping de Val-Jalbert et installons notre tente pour la nuit. Le camping est agréable, mais le site 102 où nous nous trouvons manque d'intimité. Le tintamarre des chutes situées tout près laisse présager une nuit mouvementée. Quelque temps après notre arrivée, arrivent en voiture mes cousins Lucette et Gilles en compagnie d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. C'est avec un air coquin que Gilles nous présente son compagnon Alexis qui est en fin de compte son petit-fils de dix ans. Il nous a bien eu ce Gilles; à aucun moment nous nous étions douté de l'âge de notre futur compagnon de route. Une chose est certaine, Gilles ne s'était pas trompé en le décrivant comme un grand sportif; à la fin du voyage Alexis aura parcouru 300 kilomètres en vélo, appris à monter la tente, à essuyer la vaisselle, faire cuire les œufs du matin et ouvrir les bouteilles de vin sans en renverser une goutte et, pour rassurer sa mère, nous devons mentionner sans en boire une gorgée.

Après le souper, nous allons passer la soirée à Roberval chez ma cousine Moïsette. En cette soirée très chaude, tout le voisinage est en effervescence car nous sommes à la veille de la traversée du lac par les nageurs d'élite d'un peu partout dans le monde.


Roberval à St-Félicien (41 Km)

Nous avions prévu débuter notre voyage en vélo à Val-Jalbert, mais étant donné que nos compagnons de route, Gilles et Alexis, se trouvent déjà à Roberval, nous allons les rejoindre chez Moïsette. A 10 heures, Gilles, Serge et Alexis partent en vélo tandis que je me porte volontaire pour conduire la voiture jusqu'à la fromagerie Perron à St-Prime. De là, je repars en vélo afin de les rejoindre à mi-chemin. J'ai donc manqué le village de Mashteuiatsh et son musée amérindien. C'est l'inconvénient d'avoir à conduire la voiture, il y a toujours un coin de pays que l'on ne peut explorer.

Nous voilà à nouveau de retour à la fromagerie où nous achetons leur fameux fromage en grains, qui est de grande renommée. Je puis vous assurer qu'elle n'est pas surfaite. Quel dommage que nous ne puissions pas nous en procurer à notre supermarché!! Nous nous installons à la terrasse voisine du Musée du fromage cheddar pour déguster le lunch que nous avions pris soin d'apporter avec nous. J'avais apporté des pains pitas, du humus et des légumes crus. Alexis n'a pas vraiment aimé cela.


Nous repartons en direction de St-Félicien, en empruntant le rang 3 qui devient le boulevard Hamel un peu plus loin. Gilles et Alexis ont inventé le jeu des autos et camions jaunes; c'est à celui qui en voit le plus durant la journée. Quel bonheur pour Alexis de découvrir sept tracteurs jaunes sur le terrain d'un concessionnaire.


Après avoir demandé notre chemin à plusieurs reprises, nous quittons la ville pour nous retrouver finalement sur le sentier qui longe la rivière Ashuapmushuan. C'est un vrai plaisir de rouler dans ce sous-bois au décor un peu sauvage. Alexis est bien fier de monter à deux reprises la côte des Chutes-à- Michel, sans débarquer de son vélo, tandis que nous autres, les vieux, y arrivons péniblement en marchant à côté de nos vélos. C'est ça un vrai sportif! Nous arrivons au Camping municipal de St-Félicien où Serge nous attend. Il a déjà monté les tentes ce qui nous permet de repartir rapidement pour la visite promise à Alexis au Zoo sauvage de St-Félicien. Quel beau zoo! Il a de quoi plaire aux enfants comme aux adultes avec toutes ses thématiques : les animaux en semi-liberté dans la forêt boréale, la petite ferme, le pavillon Le Boréalium où nous avons vu un excellent film sur les loups.

De retour au camping, nous soupons et terminons la soirée au coin du feu en nous remémorant les moments de la journée.


St-Félicien à Albanel (50 Km)

Aujourd’hui, c’est l'anniversaire de Gilles; il a 62 ans.  Il fait beau soleil et la vie est belle.  Il y a bien Alexis qui rouspète un peu d’avoir à se lever à 7 heures, mais il n’a pas le choix car un pique-nique familial nous attend à la Chute-à-l’Ours à Normandin.  Gilles conduit l’auto à Albanel et il vient nous rejoindre.  

En route, nous nous arrêtons aux Chutes-à-Michel pour jaser avec des jeunes gens qui y ont campé pour la nuit.  Rien n’indique qu’on puisse camper à cet endroit, mais le site est tellement paisible que je comprends qu’on ait le goût de s’y installer. 


Nous longeons la rivière jusqu’en ville, puis traversons le pont pour aller prendre le rang St-Eusèbe qui longe l’autre côté de la rivière.  De belles fermes défilent sur notre route et ça sent bon et frais.  Le long de la route, une halte de vélo invitante nous attend. Il y a table de pique-nique, eau, abri et support à vélos.  Nous nous y arrêtons pour nous reposer et jaser avec une dame du voisinage qui promène son enfant.

Un peu plus loin, se pointe la Fromagerie de la Ferme des Chutes.  Impossible de résister car nous n’avons pas encore eu notre ration de fromage en grains de la journée.  De plus, la dame au comptoir est très accueillante et se fait un plaisir de nous expliquer toutes les étapes de la fabrication du fromage.


Un vent du nord se lève ce qui rend le trajet plus fatiguant.  Nous prenons plus de temps que prévu pour nous rendre à destination.  La halte de vélo de Normandin est comme un oasis où on s’arrête avec soulagement.  A notre avis, la ville de Normandin remporte le premier prix pour la beauté de leur halte; même leur toilette est jolie et d’une propreté exemplaire.



Nous arrivons finalement à 12h15 à la Chute-à-l’Ours où nous attendent cousins et cousines Hamel ainsi que notre chère tante Claire qui nous a toujours accueillis chaleureusement sur sa ferme durant les étés de notre enfance.  Il y a Gilles et sa famille ainsi qu’Éliette de Normandin, Jean-Marie et Claudette de Baie-Comeau,  Moïsette et sa fille Hélène de Roberval ainsi que Lucette de Laval.   Ils ont dressé deux tables pleines de bons petits plats auxquels on ne peut résister.  Il y a même les surprises d’Éliette, dont je ne connais pas le nom mais qui sont délicieuses.  Il faudrait bien que je lui demande sa recette.  Ce sont de vraies retrouvailles car on ne peut même pas compter le nombre d’années que nous nous sommes vus la dernière fois. 


Nous avons tellement de plaisir ensemble qu’on décide de nous rendre chez Éliette au village pour prolonger ces moments agréables.  Nous enfourchons à nouveau nos vélos et empruntons le rang 4 puis la rue du Rocher jusqu’à Normandin.  Le long de la route, nous ne pouvons pas résister aux beaux bleuets fraîchement cueillis que nous offre une gentille dame dans son kiosque.



Comme en camping, nous n’avons pas accès à un bain, je profite de l’hospitalité d’Éliette pour prendre un bon bain chaud afin de détendre mes muscles endoloris et faire disparaître toute la sueur accumulée au cours de la journée.  Fraîche et dispose, je rejoins toute la famille au salon et me gave encore des surprises d’Éliette.  

Pendant que Serge et Gilles continuent leur route en vélo jusqu’à Albanel, j’accepte l’invitation de Lucette de m’y rendre en auto avec Alexis et Moïsette.  Mon sentiment de culpabilité est vite balayé par le plaisir que j’ai à rester plus longtemps avec mes cousins et cousines. J’en profite pour inviter Jean-Marie à venir souper avec nous au camping.  Ce soir nous avons au menu, le traditionnel spaghetti italien.  Un gros merci à Moïsette qui nous a offert un pot de sauce maison étant donné que Gilles a oublié d’apporter le sien. Après avoir fait la vaisselle, nous terminons la soirée au coin d'un beau feu de camp.  Cette nuit-là, notre sommeil a été assez perturbé par les bruits de la route 169 un peu trop proche et par les cris d’un fêtard d’un chalet voisin. Nous aurions mieux fait de camper à la Chute à l’Ours où le décor et la tranquillité étaient exceptionnels.

Albanel à Péribonka (62 km)

Un soleil rayonnant nous accueille à notre lever; une autre belle journée s’annonce.  Au grand plaisir d’Alexis nous faisons cuire des œufs pour déjeuner accompagnés de pain grillé et de confitures.  A 10 heures, tout l’équipement de camping est rangé dans la voiture et nous sommes prêts à partir.  Je suis de corvée d’auto ce matin; je me rends au kiosque d’information de Dolbeau et je retourne en vélo rejoindre mes compagnons à l’extérieur de Dolbeau.  Alexis a un problème avec son vélo et nous devons nous arrêter à l’atelier de réparation qui se trouve au Centre d’achat de la ville. Par malchance, le technicien est à son heure de lunch et nous devons attendre jusqu’à 13 heures pour faire faire la réparation.  Gilles et Alexis vont dîner chez MacDonald, tandis que Serge et moi continuons notre route jusqu’à la halte de vélo près du kiosque d’information.  C’est là que nous pique-niquons tout en admirant la vue sur la rivière Mistassini.  On ne peut résister à l’envie d’aller se tremper les pieds dans l’eau.  J’en profite pour aller chez Métro faire quelques achats pour le souper tandis que Serge fait  du charme  à la jolie fille qui travaille à l’autobus rouge de la véloroute.  Enfin Gilles et Alexis nous rejoignent et nous repartons vers 14h en direction de Ste-Jeanne-d’Arc.  Cette fois-ci, c’est Gilles qui est de corvée de voiture. 



Nous traversons le Camping des Chutes, judicieusement situé le long de la rivière.  Les sites 44 et 45 ont une vue magnifique sur la rivière; chanceux ceux qui peuvent y planter leur tente. 


Nous passons par le quartier résidentiel, puis arrivons à un sentier de 12 kilomètres, très bien aménagé, qui se faufile en forêt.  Gilles nous rejoint en cours de route.  Quelques instants plus tard, nous arrivons à une halte où il fait bon se désaltérer et se reposer.  D’autres cyclistes ont la même idée et nous voilà à jaser avec des gens de Dolbeau, de Shawinigan et de Montréal, échangeant des informations, des appréciations sur la très belle région du Lac St-Jean.

Rendus à Ste-Jeanne-d’Arc, Serge et Alexis repartent en auto tandis que Gilles et moi continuons en vélo.  Nous faisons un arrêt au Vieux Moulin et profitons d’une visite guidée offerte par une jeune fille du village qui se débrouille assez bien.  J’aurais aimé voir  des photos des gens qui ont travaillé au moulin au cours des ans et savoir si des femmes y ont travaillé car il y a une machine à carder la laine et une machine à tricoter des bas.  Malheureusement la jeune fille ne connaît pas la réponse. 


Nous continuons le long du rang 3 dont le tracé est assez vallonné mais bordé de belles fermes. Un troupeau de vaches noires et blanches nous observent au passage sans cesser de paître paisiblement dans le champ.  Elles ont l’air bien heureuses les vaches de Ste-Jeanne-d’Arc. 


Nous rejoignons la route 169 qui nous mène à Péribonka.  Ce parcours est vraiment moins agréable car nous partageons la route avec les voitures et les camions qui filent à toute allure.  Heureusement que nous pouvons circuler sur un accotement asphalté.  Après un arrêt au quai de Péribonka, nous arrivons enfin au camping de Péribonka vers 18 heures où nous attendent Serge et Alexis.



Ils ont déjà monté les tentes. Ils nous racontent qu’à leur arrivée, il n’y avait pas de table de pique-nique sur le site de camping.  Serge a encore une fois fait du charme à deux campeuses afin d’obtenir leur aide pour transporter une table de pique-nique.   Nous allons prendre une douche bien méritée avant de préparer le souper.  Au menu ce soir  : sauté au porc et légumes dans une sauce à l’orange et au gingembre.  On a recyclé la balance des côtelettes de porc du 2e soir de camping. Alexis n’a pas tellement aimé cela!  Comme dessert, nous avons du yogourt au citron et Gilles et Alexis n’ont pas aimé cela non plus.  Heureusement que j’avais des bleuets dans la glacière, de la crème et du sirop d’érable.  Là, ils se sont régalés.

Nous terminons la soirée au coin du feu et Alexis fait cuire des guimauves. Une pluie fine tombe durant la nuit, puis s’arrête au matin. Une autre belle journée s’annonce.

Péribonka à Delisle (59 km)

Nous nous levons à 8 heures.  Décidément nous devenons de plus en plus paresseux ou bien de plus en plus fatigués.  Après un déjeuner copieux composé de pain doré, de bleuets et de sirop d’érable préparé par la chef Patricia et l’assistant chef Alexis, nous voilà à nouveau sur la véloroute.  Notre destination est Alma.  Je conduis l’auto à l’église de Ste-Monique et retourne rejoindre le groupe.  Nous roulons à nouveau sur l’accotement de la route 169.  On remarque que la piste cyclable est en construction le long du parcours, ce qui permettra prochainement aux cyclistes de rouler en toute sécurité.  Nous faisons un arrêt  à l’Auberge de l’île du repos qui semble bien porter son nom.  En plus de l’auberge et de quelques maisonnettes, d’excellents sites de camping sont aussi disponibles le long de la rivière. C’est certes un endroit où il ferait bon revenir. 

 C’est maintenant au tour de Gilles de conduire la voiture; il se rend jusqu’à St-Henri-de-Taillon et revient nous rejoindre.  Pendant ce temps, nous empruntons la promenade de Honfleur sur la Péribonka. C’est tout simplement magnifique.  Une promenade de bois, de 800 mètres de long, longe la rivière Péribonka.  Les gens de la région sont bien chanceux de pouvoir jouir d’un tel endroit pour se promener à pied ou en vélo.  C’est dommage que Gilles n’ait pas eu la chance de parcourir cette partie de la véloroute.

 

Nous circulons ensuite dans les rues de Ste-Monique, puis nous empruntons un sentier dans la forêt qui nous mène au Parc national de la Pointe-Taillon.  Le sentier qui traverse le parc a 19 kilomètres de long.  Il est entouré de conifères et bordé en grande partie de fougères. Ici pas d’asphalte mais un sol en poussière de pierre. J’aime bien rouler sur ce type de sol, c’est en harmonie avec la nature qui nous entoure.  Lorsque nous approchons du secteur qui longe le lac St-Jean, Gilles nous rejoint.  Il a déniché quelques beaux endroits sur le bord de l’eau où il serait agréable de pique-niquer.  Cela tombe bien car nous avons faim et avons bien besoin de prendre un peu de repos.  Nous sortons de nos sacs à lunch des pains pita, du fromage, du thon et une salade de haricots et maïs.  Cette fois-ci, Alexis a bien aimé.  Il a même mangé 2 pitas. Après une courte sieste et une promenade sur le bord de la plage, nous repartons à nouveau.


 
C’est dans cette section du sentier que j’ai perdu le coupe-vent de vélo que j’aimais tant. J’aurais dû le ranger dans mon sac au lieu de l’attacher à l’extérieur.  Nous découvrons qu’il y a des sites de camping directement sur la plage.  A notre prochain voyage dans la région, il faudra absolument camper là.  J’imagine déjà les beaux couchers de soleil qui s’offriraient à nous.

 Nous récupérons la voiture à l’église de St-Henri et Serge prend le volant pour se rendre au camping de Dam-en-terre à Alma.  Nous rejoignons à nouveau la route 169 et les camions de marchandises et de pitounes qui nous dépassent à vive allure.  Décidément, je n’aime pas ces compagnons de route.  Nous descendons une côte à la vitesse maximale de 46 km.  C’est un record pour moi qui ait peur de la vitesse.  D’habitude je freine dans les côtes, mais pas cette fois-ci.  Il faut dire qu’il fait chaud et que la vitesse me rafraîchit. Cela fait aussi avancer le kilométrage plus rapidement.  Malheureusement il y a aussi des côtes à remonter et on recommence à suer.

Nous arrivons au village de Sacré-Cœur-de-Marie.  Je reçois un appel de Serge qui me dit qu’il n’y a plus de place au camping  Dam-en-Terre, selon les dires de l’employé au bureau d’information touristique d’Alma, et qu’il vient nous rejoindre à la halte de Delisle où nous pourrons camper.  La bonne nouvelle, c’est qu’il nous reste que deux ou trois kilomètres pour arriver à destination.  La mauvaise nouvelle, c’est que le lendemain nous aurons 15 kilomètres de plus à pédaler. 


 Le camping est directement sur le bord du lac et le décor est superbe.  Nous ne pouvions pas trouver mieux.  Serge avait acheté des saucisses et nous les faisons cuire sur le barbecue tandis que Gilles va acheter des frites.  C’est un peu dur pour le cholestérol mais une fois n’est pas coutume.  Ce soir-là Alexis voulait aller jouer au mini putt.  Gilles, en bon grand-papa gâteau, part avec lui en voiture vers Alma.  Une heure plus tard, ils reviennent bredouilles n’en ayant pas trouvé.  Nous terminons la soirée au coin du feu qui est très bienvenu car la soirée est fraîche.  Nous donnons une partie de notre bois à nos voisins de camping qui sont bien contents de pouvoir se réchauffer au coin d’un feu.  Vers 10 heures nous optons tous pour aller nous coucher car la fatigue des journées de vélo commence à se faire sentir. 

Delisle à Roberval (90 Km)

Nous nous levons à 7h30 sous un soleil radieux.  Aujourd’hui est notre dernière journée du voyage et la route sera longue.  Au moment de faire la vaisselle du déjeuner, il se met à pleuvoir et nous embarquons en vitesse tout le bagage dans l’auto.  La pluie cesse au bout de 10 minutes.  Il ne nous reste plus qu’à remettre de l’ordre dans notre barda avant de partir en vélo.  Je conduis l’auto jusqu’au Centre d’information touristique d’Alma.  Selon mes trois compagnons, je me suis épargnée de belles côtes à monter.  Je ne m’en plains pas. 


Nous continuons notre route jusqu’au terrain de camping Dam-en-Terre où Serge nous attend.  Il nous apprend que nous aurions pu y camper la veille car ils restaient quelques places.  Que ceci nous serve de leçon: nous aurions dû vérifier nous-même.  Cela nous aurait évité 15 kilomètres aujourd’hui. 

Nous repartons en direction de St-Gédéon.  La véloroute se faufile dans la campagne, puis traverse une forêt pour aller rejoindre le rang 3.  Le trajet est paisible et agréable.


 Nous avions dit à Gilles de nous attendre à mi-chemin, mais étant donné que la véloroute ne suit pas toujours la route, c’est uniquement par chance et grâce au téléphone cellulaire qu’il nous a retrouvés à la croisée de la rue Melançon.  Je repars en auto avec Alexis tandis que Serge et Gilles continuent jusqu’à notre prochain point de rencontre, l’Auberge des îles à St-Gédéon, qui se trouve à 10 kilomètre en vélo.

 Malheureusement, je pars dans la mauvaise direction et j’erre dans les rangs cherchant des personnes à qui demander mon chemin.  Comme partout ailleurs, les gens de la place ne connaissent pas le nom des rues et donnent les directions en te disant de tourner à droite ou à gauche à telle ou telle maison.  Après trois demandes d’information,  plusieurs appels par cellulaire et 35 kilomètres de route, nous arrivons à l’Auberge des îles où nos deux compagnons nous attendent depuis 30 minutes.  Nous dînons à l’auberge sur invitation de Gilles (merci Gilles, c’était gentil de ta part et très agréable).  L’auberge est en pleine expansion et offre une vue imprenable sur le Lac St-Jean.  C’est un très bel endroit pour ceux qui préfèrent se loger en tout confort.

 Nous continuons vers Metabetchouan tandis que Gilles conduit l’auto jusqu’au IGA et revient nous rejoindre en vélo.  Comme je suis inquiète de ne pas le voir revenir, je le rejoins par téléphone et nous réalisons qu’il a pris la route 169 pensant être sur la véloroute.  Fort de nos indications, il finit par apercevoir des cyclistes à la lisière de la forêt.  Il réussit finalement à rejoindre la véloroute et se retrouve 3 kilomètres derrière nous.  Cette erreur de parcours nous vaut un détour dans le village, bien des demandes d’information et une côte ardue à monter pour retrouver l’auto.  Autre morale retenue: les meilleurs points de repère sont les églises grâce à leurs clochers haut perchés.

 Je conduis la voiture jusqu’à Desbiens et j’attends mes compagnons au Centre d’archéologie de la Metabetchouan.  Nous aurions aimé en faire la visite car il possède une exposition permanente sur la reconstitution du poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson vers 1840, mais il est déjà 17 heures et c’est l’heure de la fermeture.

 Pendant que Serge repart en voiture pour se rendre au camping de Val-Jalbert, nous entamons la section de la véloroute la plus difficile car elle longe la route 169 jusqu’à quelques kilomètres à l’ouest de Chambord.  Nous montons plusieurs côtes et sommes assaillis par un vent du nord.  Comme nous longeons le lac, la température est plus froide.  Le coupe-vent que j’ai perdu dans le parc de la Pointe-Taillon me manque beaucoup.  Alexis et Gilles pédalent allègrement devant moi et ne cessent de se taquiner.  Ils continuent à jouer à celui qui voit le plus d’autos ou de camions jaunes.  Je commence à ressentir la fatigue et j’aimerais bien que le vent se calme.  Malheureusement, il tient à nous tenir compagnie jusqu’au bout de notre voyage. 

 Enfin nous quittons l’accotement de la route et son trafic bruyant et empruntons la piste cyclable qui longe de jolies maisons sur le bord du lac.   Nous arrivons au camping de Val-Jalbert à 19 heures et Serge nous rejoint.  Comme la piste cyclable traverse le terrain de camping, nous nous arrêtons pour récupérer des vêtements plus chauds avant de poursuivre notre route jusqu’à Roberval.  La fin du parcours est agréable et longe encore le lac.  A 20 heures, nous arrivons enfin chez ma cousine Moïsette, bien fiers d’avoir relevé ce défi et parcouru ces 300 kilomètres en 5 jours


Nous sommes accueillis avec enthousiasme par Moïsette et sa famille ainsi que Lucette l’épouse de Gilles. Un succulent souper à la tourtière du Lac St-Jean nous attend.  Nous le dégustons d’un appétit vorace qu’ont creusé les efforts de la journée et passons plusieurs heures autour de la table à raconter les péripéties de notre voyage.


Ce voyage nous a enchanté et nous a donné le goût des voyages en vélo.  La prochaine fois, nous voyagerons sans être accompagnés d’une voiture.  Nous pensions avoir besoin de la voiture pour nous reposer à tour de rôle mais c’est souvent à contrecoeur que nous délaissions notre vélo.   Il est possible de voyager en vélo avec un équipement de camping réduit car nous avons rencontré plusieurs cyclistes qui le faisaient.  Au besoin, nous nous procurerons une petite remorque de vélo, tel que vendu chez Mountain Equipment Coop, ce qui nous permettra de transporter plus facile l’équipement et la nourriture. 

 Nous nous donnons rendez-vous l’été prochain, soit sur le sentier du Petit Train du Nord dans les Laurentides ou à l’Île du Prince Édouard.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire